24 FPS: QUAND LE JEU VIDÉO ET LE CINÉMA SE RENCONTRENT

Comme chaque mois chez nos confrères de Gamekult, paraît un nouveau numéro de 24 FPS, l’émission qui mêle jeu vidéo et cinéma en s’intéressant à l’influence de grands réalisateurs du septième art sur la création vidéoludique.

Comme vous l’avez sûrement remarqué, la plupart des membres de TheBergerie sont des cinéphiles. Aussi, nous avons des affinités pour tout ce qui gravite autour de cette sphère comme les musiques, les cérémonies d’Oscars, les clins d’oeil d’artistes, goodies mais pas seulement…

En effet, il reste un monde totalement imprégné dans notre société et bourré de références visuelles : le jeu vidéo. L’emprunt fonctionne dans les deux sens, aussi bien pour les adaptations des jeux au cinéma plus ou moins réussies comme avec par exemple, Resident Evil, Silent Hill, Prince of Persia, Tomb Raider, Final Fantasy, Street Fighter, Mortal Kombat, Super Mario Bros, Doom et plus récemment Need For Speed pour ne citer qu’eux. Sont mêmes prévus Angry Birds et Tetris pour 2016…

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Mais aussi à l’inverse où les jeux vidéo s’inspirent des films pour leur univers, notamment Hideo Kojima de chez Konami pour son héros de la série Metal Gear Solid – « Snake Plissken » du film Los Angeles 2013 de Sir John Carpenter mais aussi des films Samouraîs de Akira Kurosawa pour Raiden, le partenaire de Snake dans Metal Gear Solid 2. Il y a également la mythique phrase du héros John Nada du film Invasion Los Angeles, (de Carpenter à nouveau) reprise par Duke Nukem. Et vu que l’on parle du cher Duke, (une référence en tant qu’icône pop-culturelle) ses autres punchlines ainsi que l’inspiration de la pochette du jeu viennent tout droit de Evil Dead 3.

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Mieux encore, deux autres sorties du héros viennent de John McLane dans Die Hard ou encore Marcellus Wallace dans le film culte, Pulp Fiction. En parlant de ce dernier, le nom d’un niveau lui est consacré dans Duke Nukem : Total Meltdown – Pulp Friction (4ème niveau de l’épisode Plug’N’Pray). On y découvre l’appartement de Mia Wallace mais encore le Pawn Shop de « Z » et sa cave avec le costume de La Crampe suspendu, le hangar de Reservoir Dogs ainsi que le Titty Twister, bar déjanté dans le film Une nuit en enfer de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino.

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Vient aussi, côté conduite le jeu Driver en 1999 largement inspiré du film The Driver de Walter Hill sorti en 1978. Celui-ci ayant eu à son tour une influence énorme sur le magnifique Drive de Nicolas Winding Refn en 2011.

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En 2003, Need for Speed : Underground surfe sur la tendance du tuning et des courses illégales démocratisés par les films Fast and Furious de Rob Cohen et 2 Fast 2 Furious de John Singleton dans les années 2000.

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On peut aussi souligner l’ambiance (très steampunk) Jeunesque très Art Deco de la Cité des enfants perdus de Jean-Pierre Jeunet transposée dans la saga Bioshock. Une adaptation du jeu au cinéma devait voir le jour, mais elle est actuellement au point mort.

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Et il y a aussi, indirectement de par leur univers, un certain nombre de jeux s’inspirant de films comme Alien, Une journée en enfer, Batman, Le Cinquième Élément, Grand Theft Auto, Max Payne, 007 Goldeneye, Red Faction, Red Dead Redemption mais aussi les clins d’oeil assumés des créateurs quant au bestiaire dans leurs jeux comme par exemple les monstres de: Resident Evil, Dead Space ou Silent Hill. On peut penser à l’esprit torturé qu’emprunte The Evil Within à Saw, le décor à Silent Hill et The Last of Us et même le gameplay à Resident Evil 4.

Silent Hill de Konami reprend grandement le film L’Échelle de Jacob de Adrian Lyne. Ainsi, nous retrouvons l’introspection du personnage, la folie, le souvenir, le cauchemar, la hantise ainsi que tout l’aspect psychologique et un ajout d’une pointe d’occultisme.

La ressemblance particulière intervient par exemple dans la station de métro de Silent Hill 3, qui a exactement la même architecture et porte le même nom que dans le film, à savoir Bergen Street.

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À noter que Hideo Kojima et le réalisateur Guillermo del Toro ont collaboré pour le prochain épisode de la saga, à savoir Silent Hills ou P.T.

The Last of Us, véritable expérience, a aussi dû, sans doute, puiser dans les décors d’un New York abandonné qui sert de background à Je suis une légende de Francis Lawrence.

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Les partenariats d’acteurs ne sont pas non plus à négliger comme on a pu le voir récemment grâce au système de motion capture avec Kevin Spacey dans Call of Duty Advanced Warfare, ou bien Willem Dafoe et Ellen Page dans Beyond : Two Souls.

Il y a d’ailleurs une énorme ressemblance entre le personnage d’Ellie dans The Last of Us et Ellen Page. Dans un interview pour Reddit, elle avoue n’avoir pas vraiment apprécié cette coïncidence.

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Vous l’aurez compris, n’est pas rare qu’un jeu emprunte aussi à un autre jeu pour ses mécaniques ou pour des références visuelles comme Tomb Raider dans Duke Nukem ou Doom dans Wolfenstein. Bien souvent, il s’agit du même développeur.

À propos de Wolfenstein, pour multiplier les exemples, on notera principalement les similitudes du château imprenable (uniquement accessible en téléphérique) dans les Alpes autrichiennes où des commandos américains s’infiltrent pour libérer leur collègue prisonnier par les nazis dans Quand les aigles attaquent de Brian G. Hutton, 1968.

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Pour la petite anecdote, certains internautes ont remarqué la photo du château de Neuschwanstein, en Allemagne, à plusieurs endroits dans Resident Evil Rebirth.

Ou encore Red Faction qui doit énormément à Total Recall (pas le remake de 2012) de Paul Verhoeven en 1990. Le jeu reprend les codes visuels et la dominante rouge omniprésente ainsi qu’une société sur la planète Mars, dirigée par une corporation.

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Idem pour Perfect Dark N64 et Blade Runner de Ridley Scott pour leur univers cyberpunk.

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Si certains sont de simples emprunts à une ambiance, scène ou personnages, d’autres font carrément un hommage emprunté sur tout un métrage comme c’est le cas avec la license Grand Theft Auto lll, qui doit beaucoup au film culte de Quentin Tarantino, Pulp Fiction. Un bundle de 10’000 exemplaires avait d’ailleurs été lâché à la sortie, en 2001, de GTA III comprenant le jeu et le film dans un même coffret.

Impossible aussi de passer à côté de GTA : Vice City, qui exprime toute la quintessence des 80’s et du gangstérisme de Scarface de Brian de Palma ainsi que de la série Miami Vice d’Anthony Yerkovitch.

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Dans le genre de l’énorme hommage, on ne peut également que saluer le surival-horror si bienvenu et attendu à la fin de l’année dernière, Alien : Isolation.

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Un travail monstre (c’est le cas de le dire) a été effectué pour cette oeuvre. Les développeurs sont même allés jusqu’à se servir dans les archives bien gardées de la Fox pour leur jeu. On sent un souci du détail très maitrisé qui conviendra à plus d’un fan de la première heure du film culte Alien : le 7ème passager de Ridley Scott de 1979.

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Autrefois, dans la forme plutôt que dans le fond, les jeux vidéos, grâce aux prouesses techniques, ont pu devenir de véritables chefs d’oeuvres de mise en scène et de composition d’image, de lumière, et de cadrage.

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La saga Metal Gear Solid propose depuis le premier épisode 3D sur Playstation une mise en scène hollywoodienne. On pense notamment, niveau technique, au prologue Ground Zeroes où toute la séquence d’ouverture est filmée en plan séquence et en caméra épaule, ce qui renforce véritablement l’expérience d’immersion du terrain. Un parti pris malin puisque l’on sait que dans un jeu, vu qu’il est informatique de A à Z, aucune erreur de tremblement, de mauvaise mise au point ou cadrage n’est normalement possible. Les concepteurs cherchent donc à rendre la marge d’erreur humaine visible et l’exagère intentionnellement pour accentuer le réalisme.

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Certains fans de la série sont d’ailleurs un peu divisés quant aux durées des cinématiques, parfois très longues. Une volonté cependant de Sir Kojima.

Dans le registre de l’immersion de combat, Call of Duty ou Battlefield proposent, eux aussi, des visuels époustouflants et une mise en scène digne des plus grands blockbusters à défaut de proposer des scénarios idéologiquement aussi aboutis que dans MGS ou d’autres jeux du genre, mais cela est un autre débat.

Reste aussi la partie non-négligeable de la bande son, où Harry Gregson-Williams produit toutes les musiques de la saga Metal Gear Solid depuis le deuxième épisode ainsi que Call of Duty 4 et C.O.D. Advaced Warfare. Celui-ci est à la base un compositeur pour le cinéma. On sent directement sa patte très hollywoodienne dans le sens du rythme de l’action par ses commencements fréquemment doux suivis de passages dynamiques. En parfait accord avec les films ou jeux dont la tension nécessite de se montrer graduelle.

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En résumé, il y a donc fort à parier que les emprunts et clins d’oeil pour les films tirés du jeu vidéo augmentent avec les années, étant donné que le milieu du jeu vidéo est beaucoup plus jeune que celui du cinéma mais que désormais, certains réalisateurs faisant des films possèdent un bagage vidéoludique à leur actif comme ce n’était pas forcément le cas avant. Les plus de 30 ans n’étant pas forcément accoutumés à cette frange de la pop-culture. Le cinéma va donc probablement suppléer bien plus au jeu vidéo. Pour le plus grand plaisir des gamers, ou pas.

Pour revenir à nos moutons, nous vous partageons ce super travail du site de jeux vidéo Gamekult ou le rédacteur Stéphane Bouley, Plug_in_Baby, alias « Papa » s’attaque aux similitudes entre ces deux mondes en décryptant et en analysant les passerelles.

Le nouveau numéro se penche sur les frères Scott. Avec Ridley (Blade Runner, Alien, La Chute du Faucon Noir…) et son frère Tony (Man of Fire, Ennemi d’Etat, Top Gun, True Romance…).

On rappelle que le site en est à son cinquième numéro. Bon visionnage. Pour le descriptif et lien original, c’est par ici.