FREE STATE OF JONES: UN DRAME HISTORIQUE MAÎTRISÉ

Le 30 juin, nous avons eu la chance d’être invités par Metropolitan FilmExport à la projection presse du film Free State of Jones de Gary Ross, qui se déroulait au Club de l’Étoile à Paris. Débrief.

Prévu pour le 14 septembre sur nos écrans, Free State of Jones est le dernier long-métrage de Gary Ross, réalisateur du premier volet de la saga Hunger Games et du film Pur Sang, la Légende de Seabiscuit avec Tobey Maguire. Il s’entoure ici du grand Matthew McConaughey, de la superbe Gugu Mbatha-Raw et de l’impeccable Mahershalalhashbaz Ali pour retranscrire un épisode trop souvent occulté de l’histoire américaine: la rébellion libertaire et indépendantiste orchestrée au coeur du Mississippi par le déserteur Newton Knight au cours de la Guerre de Sécession (la fameuse ‘Civil War’).


Alors que les premières images publiées du projet laissaient imaginer un pur film de guerre oscillant entre scènes de batailles et actes de bravoure, il n’en est rien. On découvre ici l’histoire extraordinaire d’un infirmier militaire écoeuré par les horreurs de la guerre, qui décide de quitter le front pour enterrer son jeune neveu, tué à ses côtés au cours de la Bataille de Corinth en 1862.

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Une fois rentré chez lui dans le Comté de Jones, Newton Knight découvre la souffrance des citoyens privés de leurs récoltes destinées aux soldats. Traqué comme déserteur, il se réfugie dans les marécages pour organiser une révolution locale en compagnie d’esclaves cachés dans les bois; une révolte qui se propagera bien au-delà de sa ville, et traversera les épisodes majeurs de la libération des esclaves et des premières esquisses de droits civils aux États-Unis. En parallèle, on y retrouve les chapitres plus sombres de l’histoire américaine, comme l’avènement du Ku Klux Klan et le racisme alors très ancré dans le sud du pays.

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Le film est bien servi par l’interprétation hallucinante de l’Oscarisé Matthew McConaughey, qui incarne à la perfection ce leader habité par l’envie de liberté et d’égalité d’un pays alors en mal d’idéaux. Cependant, on sent que la durée du film (2h14, ndlr) aurait pu être écourtée, puisque le film présente de multiples longueurs dues à une répétition des enjeux inhérente à l’histoire originelle. Ainsi, on y retrouve de (trop) nombreux discours qui, bien qu’épiques et fondateurs, participent à cette impression de lenteur du rythme. De plus, certaines ellipses temporelles viennent ajouter une intrigue parallèle dispensable, et déjà parfaitement exploitée dans la trame principale du film.

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Malgré tout, le déroulement lent de Free State of Jones permet à Gary Ross de creuser ses personnages et leurs aspérités, dans un contexte progressiste où les aspirations personnelles viennent parfois estomper les élans collectifs. Le personnage de Moses Washington (Mahershalalhashbaz Ali) notamment, qui pourrait parfaitement avoir droit à son propre biopic, est traité ici avec un développement tout à fait remarquable. Il en est de même pour Rachel et Serena Knight, compagnes successives du héros, dont les personnalités sont extrêmement bien mises en avant et approfondies.

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Au final, Free State of Jones est un drame assez moyen, mais un excellent film historique. Véritable hommage à l’indépendantisme américain, le long-métrage présente une portée éducative et informationnelle riche et consistante, tandis que son impact émotionnel se veut restreint par la densité très ambitieuse de son propos. Quoi qu’il en soit, Matthew McConaughey offre une prestation qui mérite véritablement le coup d’oeil, et ne fait que confirmer la puissance de son jeu dans la peau de ce fascinant Newton Knight.

Rendez-vous le 14 septembre en salles!

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