LES ANIMAUX FANTASTIQUES – QUAND LA MAGIE OPÈRE

Pour son retour en salles, l’univers de Harry Potter trouve avec Les Animaux Fantastiques un prolongement au visuel envoûtant et débordant d’optimisme. Une surprise qui ravira les fans et les amateurs de fantastique.

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Le défi de prolonger l’univers du sorcier à la cicatrice a tout d’un défi, mais n’a rien d’étonnant. Comme les sagas Star Wars et Marvel, il est toujours question d’introduire de nouveaux personnages, un nouveau ton et, en somme, un fond de commerce capable d’attirer les foules. En plus d’incarner dignement cette tendance, Les Animaux fantastiques parvient à s’imposer indépendamment de tout ce à quoi il pourrait être relié, c’est-à-dire un manichéisme certain, l’enjeu de l’apprentissage et du magique. Toute l’autonomie du nouveau film de David Yates rend son contenu à la fois accessible et fascinant, comme s’il s’agissait d’assister à une relecture du fantastique : imagination débordante, importance accordée à la 3D et aux effets spéciaux, mise en place d’enjeux phénoménologiques dont l’abstraction représente la nouveauté du traitement (qu’est-ce que découvrir ?).

L’univers si connu de Harry Potter semble ici n’être qu’une toile de fond référentielle contre laquelle le réalisateur n’hésite pas à s’appuyer afin de mieux le prolonger et, aussi, de se rapprocher d’un autre univers, où la promesse de la nouveauté est tenue. Contrairement aux sagas citées plus haut, le souci de l’exotisme trouve une place certaine dans l’esthétique du métrage. Nombreuses sont les séquences où le visuel rend plus plausible l’utilisation de la 3D dans les films où, justement, il est avant tout question d’un univers qui fait référence au nôtre tout en conservant une part de magie, comme l’impose souvent l’art du cinéma dans ses grosses productions. Le film offre dans cette intention des séquences envoûtantes, comme une harmonie non seulement entre les personnages et leur environnement, mais aussi entre l’audience et la cinématographie présentée. Au-delà de la fascination, il est avant tout question de réussite.

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Dans la même veine, les personnages sont introduits avec finesse, de quoi rappeler la proximité immédiate que les spectateurs du monde entier ont connue avec Harry, Hermione et Ron. Le charme « so british » d’Eddie Redmayne dans le rôle de Norbert Dragonneau opère a plein régime, en plus d’être accompagné par une troupe d’acteurs au talent certain (Katherine Waterston et Dan Fogler en tête). La place nouvelle et plus importante accordée aux fameux Moldus, ces gens dépourvus de pouvoirs magiques, permet aussi d’intégrer de nouveaux parti-pris de mise en scène, comme la question de la législation et de la politique, ou de mieux les prolonger, à l’image du rapport entre l’enfance et l’âge adulte, primordial dans les tournants qu’offre le scénario. Cependant l’étirement inutile de ce dernier compromet parfois le geste de David Yates, de quoi rester sur sa faim. Mais l’implication de J.K. Rowling dans l’écriture du long-métrage vient souvent rattraper les nombreux trous scénaristiques que soumet le film. A l’image de ses prises de position sur les événements de l’actualité, l’auteure mythique de la saga littéraire Harry Potter partage avec ce film un certain optimisme autant autour de la question du respect de l’environnement et des animaux que celle de l’orientation sexuelle des individus. Le message est étonnant, et la transmission de ce dernier est réalisée avec brio.

Harry Potter n’est pas de retour, mais son univers oui, tout en conscience. Avec une rigueur caractéristique, Les Animaux fantastiques parvient non seulement à instaurer des bases rassurantes pour la suite (visuel époustouflant, personnages attachants et intrigue accrocheuse), mais aussi à montrer à quel point le prolongement des univers cinématographiques est, envers et contre tout, une motivation d’ordre artistique. Malgré un scénario fourre-tout, la réalisation de David Yates donne l’inspiration que le meilleur est à venir, et que la magie a opéré.