LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL. 2 – L’EGO POP [CRITIQUE]

Surfant sur la vague du succès du premier film, Star Lord et ses potes se résolvent à devenir une famille : un second souffle poussif et fourre-tout qui rame à outrance.

On prend les mêmes, et on recommence. La nouvelle ébauche autour de ces cinq héros que l’on a appris à connaître il y a trois ans plus tôt propose un menu dont la saveur est désormais populaire tant la musique rétro parvient à se compléter avec un humour décalé et des couleurs exagérées, sans pour autant masquer un vide inhérent à la valeur de la mise en scène et à la teneur du scénario. L’idée préconisée était de faire de ces bras cassés des super-héros, et il est maintenant possible de se concentrer sur le noyau dur de cette bande: prendre le temps de devenir une famille, malgré les différences. En ajoutant la figure du paternel comme médium émotionnel planant sur ses sujets, le film corrige ce qui pouvait lui être reproché, mais accentue l’idée selon laquelle sa conception cinématographique repose sur un manque flagrant de recul.

Jamais le film ne s’interrogera sur ce qui a pu fonctionner dans le premier opus, jusqu’à même créer une confusion dans la salle lorsque ces fameuses blagues clôturant les scènes entonnent l’hymne à la redondance – forme de rejet dont la musique originale souffre également, y compris face à la comparaison de son aînée. Comme si le film se contentait de se battre contre un univers nouveau, mais auquel il appartient bel et bien, son apparente indépendance n’est que le fruit d’un travail de répétition générale – le premier quart d’heure, innovant sur tous les points – et rarement d’une mise à nu afin de mieux comprendre de l’intérieur, notamment à travers le thème de la famille, signe précurseur d’un scénario manipulé à outrance afin de soumettre une émotion qui oublie sur quoi elle se construit. Le film se plante littéralement sur ses objectifs, forçant l’ennui et le prévisible. Ce rendu est bien évidemment symbolisé par le personnage de Kurt Russell dont la présence dans l’univers, et pour la première fois dans le Marvel Cinematic Universe, est légitime d’être remise en cause.

James Gunn, le réalisateur, aura beau faire dans la volonté en cherchant quelques contre-pieds esthétiques, ses plans-séquences numérisés, à titre d’exemple, frôle l’indigestion au même titre que l’inégalité du montage – entre la démesure et l’intime, le film peine à trouver un véritable parti-pris. C’est pourtant en agissant par effet d’exagération que le film dévoile ses vraies idées, mais il est maintenant de plus en plus difficile pour le Marvel Cinematic Universe de faire croire que le germe des idées dépend d’un souci d’originalité et, surtout, d’efficacité. Face au potentiel émotionnel de ses personnages, une lâcheté : celle du scénario, écœurant d’anecdotisme. Au même titre que cette vanité, l’humour de plus en plus fourre-tout des personnages qui, malgré leur étonnante faculté à user de l’autodérision – inutile de vous cacher que ça marche sur n’importe quel super-héros -, répondent à un formatage dommageable pour le bon fonctionnement de leur élaboration au sein d’une esthétique propre au film de bande. Loin d’aborder cette perspective, le film préfère croire en chacun de ses personnages plutôt que de croire en un groupe, ce qui peut soulever autant de contradictions que de qualités.

La force du film, et heureusement pour lui, c’est sa faculté à développer ses personnages, à croire en eux. La rigueur du script fait qu’il est plutôt facile de s’interroger sur tel ou tel protagoniste: la mécanique du film s’inspire beaucoup de celle adoptée dans les films de la saga Star Wars – au-delà de la comparaison plus que légitime avec L’Empire contre-attaque dans les différents tournants scénaristiques du film. L’intégration des nouveaux personnages, qu’ils soient authentiques ou déjà utilisés dans le précédent volet, est également réussie et confirme que le MCU repose aussi sur des rôles secondaires d’une portée que d’autres sagas ont de quoi envier. Outre les différentes références faites à North by Norwest, Tron : Legacy et même Le Magicien d’Oz, il est assez rassurant de voir que l’idée d’un vrai prolongement s’opère à travers le miroir des personnages, de leurs histoires, et pas seulement de leur surface dont la pudicité empêche l’intégration – mais suscite la fascination, il faut bien le reconnaître.

Drôle de déception que ce second volume, trop préoccupé par l’image de ses personnages, au détriment de leurs convictions ; symbole d’un scénario basé sur le principe de la surprise et d’une esthétique une fois de plus sujette à une régression clipesque – clownesque, non, car le film n’est pas toujours drôle. De par cet échec, l’univers tourne une fois encore au ralenti, et même depuis Doctor Strange dont les promesses visuelles ont été quelque peu ignorées. Ca fait beaucoup de promesses non tenues, certes, mais elle suffisent à remplir des salles de simples témoins.