NDMA: LA BANDE SON DE VOS WEEK-ENDS AGITÉS

L.O.A.S, dont on en parlait le mois dernier, a sorti lundi son EP : NDMA. L’occasion pour nous de vous présenter le bonhomme un peu plus en détail, de résumer ce qu’il a fait jusqu’à présent et de vous faire un review de son premier projet solo.

Capture d’écran 2015-03-26 à 22.55.26

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, L.O.A.S est un rappeur parisien membre du groupe DFH&DGB dans lequel il fait équipe avec Hyacinthe, un autre rappeur de paris à qui l’on doit deux EP et quelques morceaux notables comme Sur La Route de L’Ammour et Retour au Pyramide. Leur beatmaker principal, Krampf, a déjà signé plusieurs prods pour Set&Match et possède un Soundcloud bien fourni en pépites sonores. Le trio avait sorti un excellent EP Ne Pleurez Pas Mademoiselle, qu’on vous recommande absolument.

Mais revenons à L.O.A.S dont la singularité se caractérise par ses textes a mi-chemin entre ésotérisme et égo-trip, et par son flow à la fois hystérique et technique s’adaptant à une grande variété de BPM. Il est également capable d’adopter un style plus posé et mélodieux sur des morceaux chantés mais tout en gardant ce côté brisé dans la voix. L’artiste est arrivé sur le net avec C2C et Lady Gaga mais le morceau qui l’a sorti de l’ombre est Langue Maternelle dont le clip est inspiré de Smack My Bitch Up le titre éponyme de The Prodigy. Au mois de janvier 2015, il met en ligne Derrière Les Cyprès le premier extrait d’NDMA puis Déjà Mort et le clip de Quand Tu M’Tueras, pas plus tard que la semaine dernière. La vidéo dévoile des images de moments intimes que L.O.A.S a passé avec une femme. Tout comme le clip Lady Gaga, on ne sait pas trop si ces moments sont mis en scènes ou réel, L.O.A.S aime brouiller les pistes en mélangeant ou en alternant réalité et fiction.


Maintenant que les présentations sont faites, intéressons-nous d’un peu plus prêt à NDMA.
NDM qu’est-ce que c’est ? Déjà comme son nom l’indique (haineDMA) n’est pas un EP de tout repos, il est brutal, provocateur et ne vous laissera vous reposer qu’à quelques rares moments. La référence à la MDMA n’est certainement pas un hasard puisque l’ordre d’enchaînement des 10 titres est vraiment représentatif de ce que l’on vit lors d’une prise de drogue : montée, bon ou mauvais trip, redescente, etc… Belliqueux, psychédélique donc mais également intime puisqu’il se base aussi sur des choses personnelles que L.O.A.S a vécues durant toute l’année 2014, comme il l’explique dans un interview qu’il a donné sur le site UnionStreet.fr.

« Cela a mis énormément de temps, car l’année 2014 a vraiment été une année de merde mais dans un sens, cette année de merde a nourri l’EP. »

Capture d’écran 2015-03-20 à 20.14.31

Éclectique est aussi un adjectif qui pourrait définir cet EP, on rencontre effectivement des prods très trap ou électro, d’autres un peu plus old school alors que certaines sont presque pop, le tout accompagné de samples pour le moins étonnants. Le MC fait ce qu’il veut mais il le fait bien, il part dans tous les sens, explore tout ce qu’il l’intéresse mais en gardant une certaine cohérence.

LA REVIEW :

On rentre directement dans le vif du sujet, L.O.A.S ne nous laisse même pas le temps de nous asseoir pour commander une bière qu’il nous braque déjà avec un revolver en nous ordonnant de danser sous peine de se prendre une balle dans le pied. Au programme : flow saccadé, punchlines blasphématoires et Akeda dans le fond de la pièce qui fait des ondes sinusoïdales en forme de pentagrammes sataniques.

Sur la deuxième piste, la pression redescend aussi vite qu’elle est montée. Sur une prod tout en finesse de Robotnik, L.O.A.S alterne entre couplets rappés et refrains chantés pour nous décrire la descente aux enfers que l’on peut vivre après une rupture difficile. Mention spéciale au clip, maitrisé à 100 % qui n’est pas avare en références Hitchcockienne.

Ici, pas thème juste un flow survolté accompagné par des accords de sitar. En effet L.O.A.S a souvent précisé lors de ses interviews qu’il avait vécues plusieurs années en Inde, il a donc importé, à l’aide de Krampf, des sonorités venant de ce pays. Un choix artistique audacieux qui montre une fois encore la créativité et l’ouverture d’esprit du rappeur.

Le mot le plus approprié pour le décrire ce quatrième titre serait schizophrénique. La rappeur fait face à lui-même en posant rageusement sur une instru très électro, backé par son alter-égo plus paisible.

L.O.A.S n’a pas pris d’MDMA sur cette piste mais de la coke ce qui lui donne une soudaine envie de baiser le rap français à grand coup d’égo-trip à l’aide, encore une fois, de son pote Krampf.

C’est le dernier extrait que le rappeur a mis en ligne avant la sortie de l’EP. Un morceau très pop et mélancolique sur lequel on découvre la mystérieuse S Ammour qui l’accompagne durant 3 minutes 30 avec sa voix angélique qui nous donne envie d’appuyer sur le bouton replay.

Parce qu’on ne change pas une équipe qui gagne, Hyacinthe arrive avec ses grosses bottes et sa voix torturée pour épauler L.O.A.S dans ce morceau où les mots d’ordres sont : violence, haine et désespoir. La prod très trap de Roro rend l’ambiance encore plus sombre et oppressante. Ça tombe bien, on aime ça.

Après la violence des lingots, on repasse sur quelque chose de plus posé et aérien. Quelques pics lancés au rap français, une petite référence à Star Wars et un refrain qui nous rappelle que L.O.A.S, tout comme Claude Brasseur, préfère faire bande à part, voilà ce qui pourrait résumer ce morceau.

Un égo-trip cosmique sur fond de piano, un instrument qu’on entend de plus en plus rarement dans ce rap-jeu.

On comparait cet EP à une défonce et bien La Vie serait la descente, le moment un peu nul et triste quand on rentre chez soit très tôt le matin et que nos problèmes reviennent à la charge. L.O.A.S se met à nu en nous parlant de sa relation avec son fils et de la disparition violente et tragique d’un de ses amis. Et sinon, oui, vous ne rêvez pas, Krampf a samplé du Patrick Juvet, quand on vous dit que ces gars font ce qu’ils veulent.

Conclusion : NDMA est un excellent EP qui est dans l’air du temps (très électro/trap) mais qui possède cette audace, cette touche personnelle, cette originalité qui manque cruellement aux rappeurs français actuels. Si TTC, Klub des loosers, La Caution, ou encore Svinkels étaient les fers de lance du rap alternatif du début des années 2000 alors L.O.A.S et les autres artistes de son entourage sont la relève de cette branche du rap francophone.

Séduit ? Dans ce cas vous pouvez vous procurer NDMA sur Bandcamp ! De notre côté on va continuer à suivre son actualité et on ne manquera pas de vous en parler dès qu’il y aura du nouveau !

0004666175_10