BAD BONN KILBI 2018 – JEUDI 31 MAI

Cette édition du Bad Bonn Kilbi 2018 était tout simplement mythique. Nous vous proposons ici de (re)plonger dans la première journée du festival de musique indépendante de Guin qui a eu lieu le jeudi 31 mai. 

Les sons britanniques :
Arrivé sur les lieux du festival, on est assez vite happée par ce que l’on peut entendre de la scène Kantine. C’est UUUU qui distille une musique patchworkée de krautrock, de noise, de free jazz. De membres de haut vol composent cette formation britannique notamment des membres de WIRE, COIL ou encore Spiritualized. Il faut lutter pour résister aux sons qui nous imprègnent. Ils nous présentaient leur premier album S/T sorti en 2017. Ce dernier jour de mai nous réservait d’autres surprises. Parmi celles-ci, il y avait Warmduscher et ses musiciens débarqués de Fat White Family, Paranoid London ou encore Insecure Men. L’heure est donc aux supergroupes. La performance musclée du chanteur Clams Baker Jr, ce cowboy de l’espace (son chapeau aidant pour la comparaison), incarne parfaitement les sonorités punk et rugueuses du groupe. Saul Adamczewski, reconnaissable grâce à son gant en plastique et sa coupe façon Jim Reid (période Psychocandy), est The Saulcano, le bassiste de la formation britannique. La chanson Standing in the corner nous a particulièrement marqué. Les troublions de Warmduscher ont également interprété le très tendu Big Wilma.

Warmduscher au Bad Bonn Kilbi le 31 mai 2018 @ Patrick Principe

Plus aérien, plus hypnotique aussi : Exploded View nous fait l’honneur de leur présence au Kilbi, après un rendez-vous manqué en 2017. La formation multi-ethnique abreuvent le public de kraut-no-wave qui contraste avec la voix cristalline d’Anika. Le batteur Martin Thulin et le bassiste Hugo Quezada donnent un aspect plus rock à leur musique. Le groupe est, d’une certaine manière, international puisque ses différents membres viennent à la fois du Mexique, d’Angleterre, d’Allemagne et de Suède. Les morceaux Orlando et No More Parties in the Attic, tirés de leur premier album Exploded View, nous ensorcelent. Nous sommes impatients de découvrir leur prochain album, Obey, qui sortira cet automne. La soirée continue avec le projet d’ethno-techno Nihiloxica. La formation britannico-ougandaise mêle des sonorités électroniques aux percussions traditionnelles de ce pays. Le public est assez vite pris dans une sorte de transe tribale.

Exploded View au Bad Bonn Kilbi le jeudi 31 mai 2018 @ Tink.ch

Renouveau musical :
La formation américaine Golden Dawn Arkestra est venu rendre un culte au Dieu Soleil jeudi soir. Il faut dire que leur psychédélisme cosmo-funk a le pouvoir de convertir de nombreux fidèles notamment avec leurs chansons Osaka ou Stargazer. Actifs depuis 2013, le groupe se revendique notamment de l’artiste de jazz Sun Ra. Les costumes que les membres portent sur scène sont hauts en couleur tout autant que leur performance scénique. Nick Hakim présentait son premier album Green Twins. Ce dernier déploie des chansons délicates et sensibles sur la scène principale. Gibraltar Vacuum, qui jouait jeudi soir au Club Stage Haus, est un projet de l’artiste suisse Feldermelder. On assiste à une orgie de sons métalliques : cela nous fait penser à de la techno industriel. Ambience plus brutale : l’afropunk de Tshegue gunshote les oreilles du public en mode Terminator. Sur scène, la chanteuse Faty Sy Savanet se déchaîne sur les percussions de son acolyte Dakou. Leur prestance sur scène est, somme toute, puissante. Leur premier EP Survivor est sorti en juin de l’année passée. Les DJ Jimi Jules et Kalabrese étaient chargés d’accompagner le public restant dans leur attente de l’aube matinal. Leur set était très efficace malgré l’apparition de quelques problèmes techniques.

Golden Dawn Orkestra au Bad Bonn Kibli le 31 mai 2018 @ Nadja Sutter

Les mythes musicaux :
Deerhunter est un des fers de lance du rock indépendant américain. Formé en 2001 à Atlanta, ils puisent leurs sources dans le punk, le garage rock, le rock psychédélique, le shoegaze et la dream-pop. Le groupe, mené par le chanteur-guitariste Bradford Cox, est très investi sur la scène principale du Bad Bonn Kilbi. Leur performance est à l’image de leur musique : évanescente. La formation américaine a également sorti cette année une cassette intitulée Double Dream of Spring qui est seulement disponible sur leur tournée. La musique de John Maus, un mélange de pop lo-fi éthérée et de synth-pop gracieuse, inonde le public du Kilbi. Mi-divine mi-démoniaque, la performance possédée de l’artiste américain est impressionnante. On murmure les paroles minimalistes des chansons tirés de son dernier album Screen Memories : Touchdown, Teenage Witch ou encore The Combine. L’artiste illuminé chante d’anciens morceaux notamment le merveilleux Streetlight et le manifeste politique représenté par Rights for Gays. La foule s’amasse vers celui qui prêche le sublime musical. Le philosophe-chanteur danse à en perdre toute raison. Son âme pourrait bien être sortie de son corps. Ce concert, qui est notre coup de cœur de cette première journée au Bad Bonn Kilbi, nous hantera encore longtemps. John Maus ou la grâce ressuscitée.

John Maus au Bad Bonn Kilbi le 31 mai 2018 @ Linus Rast