BAD BONN KILBI 2018 – VENDREDI 1er JUIN

La deuxième journée du Bad Bonn Kilbi valorisait les artistes féminines et non-binaires. Les femmes représentaient, en effet, différents genres musicaux : rock indépendant, pop éthérée, musique électronique ou folklorique. Nous vous invitons à (re)découvrir les concerts de ce vendredi 1er juin.

Les minorités de genre dominent le Bad Bonn Kilbi :
Le coup de cœur de cette édition est Caterina Barbieri qui se proposait de reconstituer des modèles de conscience par le biais de ses synthétiseurs en cette fin d’après-midi. L’artiste italienne, basée à Berlin, s’oriente vers la musique électronique minimaliste faite de boucles répétitives. La musicienne a sorti l’année passée son album Patterns of Consciousness, une ode à l’abstraction. La chanteuse afro-colombienne Lido Pimienta distille dans son album La Papessa de la synth-pop mêlée à ses racines latino-américaines. Sur la scène principale, l’artiste, qui se revendique à la fois du féminisme intersectionnel et de la mouvance queer, est joviale et drôle. Elle n’a aucun mal à nous mettre à l’aise en racontant des anecdotes tirées de son histoire personnelle. Lido Pimienta politise également ses chansons dans lesquelles elle dénonce notamment les violences faites aux minorités de genre. Politisé, Downtown Boys l’est tout autant. La formation, originaire de Providence aux Etats-Unis, utilise notamment le punk comme arme de dénonciation du capitalisme et du racisme structurelle. Multi-ethnique, queer et radical, Downtown Boys a sorti son troisième album Cost of Living sur le très célèbre label Sub Pop en 2017. La chanteuse Victoria Ruiz s’arrache, par exemple, la voix sur la chanson Somos Chulas (No Somos Pendejas).

Lido Pimiento au Bad Bonn Kilbi le 1er juin 2018 @ BBK

Après la rage du groupe américain, on se laisse border par la douceur de la fribourgeoise Pony. Gael Kyriakidis, de son vrai nom, propose une pop aérienne dans laquelle on retrouve entre autre l’utilisation d’un ukulélé ou d’un clavier Casio. Très discrète sur scène, elle chante Iseut ou Sur la Berge. Vagabon est le projet artistique de l’artiste camerounaise Laetitia Tamko. Son premier album Infinite Worlds explore les confins d’une pop lo-fi délicate qui guigne du côté d’un rock indépendant plus soutenu. L’artiste multi-instrumentiste marie différentes influences (shoegaze, rock garage). Nous avions également hâte de voir Lisa Gerrard qui accompagnait le chœur The Mystery of the Bulgarian Voices. Celui-ci est un chœur bulgare composé majoritairement de femmes qui existe depuis 1952. Il a acquis une renommée internationale en mêlant musique traditionnelle et compositions plus modernes. The Mystery of the Bulgarian Voices a sorti cette année l’album BooCheeMish enregistré avec la contralto Lisa Gerrard. L’artiste australienne est la moitié du célèbre duo Dead Can Dance qui puise notamment dans les musiques du monde, la dark wave ou la dream pop. La première partie du concert, qui fut tout à fait charmante, était consacrée au chant traditionnel de Bulgarie. Lisa Gerrard n’est apparu que quarante minutes après le début du concert. En diva, elle illumine la scène de par son aura charismatique et son chant célèste. Sa voix nous donne de véritables frissons et nous emmène dans l’ailleurs. L’apothéose a probablement été atteint lorsqu’elle a chanté The Host of Seraphim tiré de l’album The Serpent’s Egg de sa précédente formation. Telle un ange, elle quitte la scène sans avoir envoyé au public des baisers. Lisa Gerrard ou la voix de Dieu.