CANNES 2018 : LE RECAP’ DES SÉLECTIONS OFFICIELLES

Basées sur un « renouvellement générationnel », les sélections de films pour la 71ème édition du Festival de Cannes réservent autant de surprises que de déceptions. Retour commenté sur les annonces faites par Thierry Frémaux. 

Un bon festival dépend aussi de sa sélection de films, et il faut croire que le Festival de Cannes, piloté par son président Pierre Lescure et son délégué général Thierry Frémaux, a réservé plusieurs surprises pour sa 71ème édition. Surprises que Thierry Frémaux justifie par le terme de « renouvellement générationnel », comme peuvent en témoigner les nombreux premiers films sélectionnés pour Un Certain Regard, l’envie de faire découvrir des cinéastes inconnu-e-s venu-e-s d’un peu partout dans le monde (Pakistan, Kenya, Afrique du Sud, Inde…) et la volonté de donner plus de visibilités à de jeunes talents. Ayons le coeur net et dévoilons sans plus attendre les films sélectionnés pour la compétition officielle, présidée par Cate Blanchett, et pour Un Certain Regard, présidé par Benicio Del Toro :

Compétition officielle

Stéphane Brizé (France) – En Guerre
Mateo Garonne (Italie) – Dogman
Jean-Luc Godard (France) – Le Livre d’image
Christophe Honoré (France) – Plaire, aimer et courir vite
Eva Husson (France) – Les Filles du Soleil
Jia Zhang-ke (Chine) – Ash if Purest White
Ryusuke Hamaguchi (Japon) – Netemo Sametemo
Hirokazu Kore-Eda (Japon) – Shoplifters
Nadine Labaki (Liban) – Capharnaüm
Lee Chang-Dong (Corée du Sud) – Burning
Spike Lee (USA) – Blackkklansman
David Robert Mitchell (USA) – Under the Silver Lake
Jafar Panahi (Iran) – Three Faces
Pawel Pawlikowski (Pologne) – Cold War
Alice Rohrwacher (Italie) – Lazzaro Felice
A.B Shawky (Egypte) – Yomeddine
Kirill Serebrennikov (Russie) – L’été

Un Certain Regard

Ali Abbasi (Pakistan) – Border
Meryem Benm’Barek (Maroc) – Sofia
Andréa Bescond & Eric Métayer (France) – Les Chatouilles
Bi Gan (Chine) – Long day’s journey into night
Nandita Das (Inde) – Manto
Antoine Desrosières (France) – A Genoux les Gars
Lukas Dhont (Belgique) – Girl
Vanessa Filho (France) – Gueule d’ange
Valeria Golino (Italie) – Euphoria
Wanuri Kahiu (Kenya) – Rafiki
Gaya Jiji (Syrie) – Mon Tissu préféré
Etienne Kallos (Afrique du Sud) – The Harvesters
Ulrich Kölher (Allemagne) – In my room
Luis Ortega (Argentine) – El Angel
Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan)– The Gentle Indifference of the World

Des nouvelles têtes, et de nombreux absents

Si on remarque tout de même les présences de quelques habitués (Jean-Luc Godard, Mateo GaronneJia Zhang-ke ou encore Hirokazu Kore-Eda), le Festival de Cannes semble bien engagé dans cette perspective de « renouvellement générationnel ».  C’est audacieux. Déjà par la présence de jeunes talents, comme la cinéaste française Eva Husson qui, dès son deuxième long-métrage (deux ans après le pétillant Bang Gang) accède à la compétition officielle avec Les Filles du Soleil ou encore David Robert Mitchell, réalisateur du très remarqué It Follows qui revient cette année avec Under the Silver Lake (un des films que l’on attend le plus cette année). Autres symboles de ce renouvellement et de l’engagement du festival, la sélection d’un premier film (A.B Shawky, cinéaste égyptien, avec Yomeddine) et du nouveaulong-métrage de Jafar Panahi  (réalisateur de Taxi, Téhéran ; Ours d’Or à Berlin en 2015), cinéaste iranien condamné en 2010 à six ans de prison et interdit de pratiquer son métier pour avoir participé à des manifestations contre le régime en place en Iran. Un geste diplomatique à saluer. On se réjouit également des sélections de Pawel Pawlikowski (réalisateur du sublime Ida, Oscar du meilleur film étranger).

Toutefois, le Festival de Cannes semble avoir fait une croix sur quelques films et cinéastes annoncés comme incontournables cette année : Claire Denis avec High LifeLars von Trier avec The House that Jack builtLaszlo Nemes avec Sunset  ou encore Xavier Dolan (reparti en montage, on s’en doutait), Jacques Audiard, Mia Hansen-LøveTerrence Malick, Terry Gilliam, Harmony Korine... Symbole de ces absences : Paolo Sorrentino, habitué du festival pourtant absent cette année alors que l’Italie est assez bien représentée avec trois films en compétition. Même pour le cinquantième anniversaire de Mai 68, les dirigeants du Festival se sont juste contentés de convoquer Jean-Luc Godard ainsi que Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit en Séances Spéciales. Autre négligence de la part du festival, le faible nombre de femmes cinéastes en compétition (seulement trois en sélection officielle). Après l’annonce de nouveaux films sélectionnés (comme c’est souvent le cas après l’annonce officielle), on se donne rendez-vous du 8 au 19 mai prochain pour cette 71ème édition du Festival de Cannes.