Dernière série phénomène de la chaîne HBO, Westworld est considérée comme le nouveau Game of Thrones. Pourquoi ? Voici nos idées pour répondre à la question, garanties sans spoiler…
Plus nous avançons dans le temps, plus les séries télévisées deviennent de véritables sujets de société. La série Stranger Things, produite par Netflix, nous avait déjà donné quelques indices à ce propos, confortant l’idée selon laquelle l’implication des séries dans la vie quotidienne des téléspectateurs et dans la culture populaire est de plus en plus importante. En plus de la saison 6 de Game of Thrones (HBO) et de la saison 7 de The Walking Dead (AMC), l’année 2016 a eu affaire à un autre phénomène télévisé ; tout beau, tout neuf. Ca s’appelle Westworld, c’est de la science-fiction combinée aux codes du western, et c’est passionnant à suivre, et voilà cinq raisons qui le prouvent!
L’univers futuriste
Qu’on se comprenne bien : la série propose un monde futuriste dans lequel les humains ont construit un parc d’attraction programmé sur les codes du film de western pour offrir à chaque visiteur l’opportunité de donner une aura et du piquant à leur vie. Le parc « Westworld » est fondé par le Dr. Robert Ford (Anthony Hopkins) et un de ses plus fidèles amis – un certain Arnold, porté disparu -, lesquels ont aussi intégré des êtres robotisés et doués d’intelligence au sein même du parc : on les appelle les « hôtes ». Westworld traite donc du rapport entre l’humanité et l’intelligence artificielle, des menaces et des promesses d’une telle relation. Là où la série semble vouloir se démarquer des autres créations traitant du même sujet, c’est ce parti-pris pour l’univers du farwest dans lequel les hôtes robotisés et les humains parviennent à communiquer. Les données cryptées du robot viennent se mélanger à la soif de découverte de l’humain, et les prises de conscience des uns et des autres vont conduire la série à adopter un scénario gigantesque.
Le scénario, d’une rare complexité
Pas étonnant de considérer Westworld comme le nouveau Game of Thrones : un nombre important de personnages et d’intrigues, un univers unique, des scènes intenses et magnifiquement réalisées… Pas de doute, la nouvelle série de HBO nécessite une implication du spectateur et ce à tous les niveaux. Nous devons la complexité scénaristique de la série à Jonathan Nolan, frère du réalisateur Christopher Nolan avec lequel il a souvent collaboré pour des longs-métrages connus pour leurs histoires très fournies : Interstellar, Inception… Egalement auteur de la série Person of Interest, Jonathan Nolan concrétise ici la teneur de ces scénarios : des tours de passe-passe à n’en plus compter, différents niveaux de lecture… Il déclare à propos de Westworld que « la vérité, c’est que nous faisons un film de dix heures, ce n’est pas vraiment une série télévisée ». Le scénario aime faire perdre son spectateur, et les nombreuses révélations des derniers épisodes donnent le tournis… C’est notamment de ce scénario qu’a découlé une grande fanbase sur internet, démêlant les multiples ficelles de l’intrigue et démasquant la véritable nature des personnages.
Les personnages
Que serait une série sans ses personnages ? A vrai dire, on se demande comment Breaking Bad aurait pu exister sans Walter White, ou comment Game of Thrones aurait connu autant de succès sans l’intégrité de ses personnages… Westworld rejoint cette idée, et de quelle manière ! En plus de cette relation vibrante entre l’homme et la machine, les protagonistes qui l’exercent sont tous d’un charisme rafraîchissant. Le personnage de Dolores, central et interprété par l’ensorcelante Evan Rachel Wood, est le meilleur indice du degré d’empathie capable d’être ressenti au cours d’une série, au même titre que Bernard (Jeffrey Wright) ou William (Jimmi Simpson). L’écriture minutieuse de Jonathan Nolan se révèle justement sur les différents rapports de force, n’hésitant pas à les réajuster davantage au cours des épisodes, histoire de mieux interroger le spectateur, avant d’aboutir à des conclusions stupéfiantes – et pas qu’une fois. De plus, il est difficile ne pas évoquer les deux doyens de la série, à savoir Anthony Hopkins et Ed Harris, ces monstres sacrés du cinéma qui se sont donc prêtés au jeu du futur. Au prestige s’additionne la qualité, de quoi être captivé.
Les références culturelles
A travers les dix épisodes de cette première saison, les inspirations et emprunts à la culture populaire sont nombreux. A commencer tout d’abord par le cinéma : Inception déjà cité ou encore The Searchers, Il Etait une fois dans l’Ouest et I, Robot. Nous ne vous dirons pas pourquoi, vous le (re)découvrirez. Ce qui motive davantage le développement du récit est aussi le goût pour la culture mythologique. Certains tournants scénaristiques évoquent le scénario d’Adam et Eve, synonyme de la première apparition de l’Homme sur Terre et de la découverte du premier péché. Plusieurs éléments de la trame de la série signalent aussi le rapport entre les dieux et leurs fidèles, configuré notamment dans la relation qu’entretient Robert Ford, le directeur du parc, avec ses hôtes. Westworld fait notamment penser au Mythe de Prométhée, que ce soit dans l’évolution progressive des intelligences artificielles ou dans la relation entre Robert Ford (toujours lui) et Arnold, référence évidente au lien antagoniste entre Prométhée et Épiméthée, son frère. La série arrive à remettre au goût du jour des épisodes mythologiques pour forger une propre mythologie dont la dérivation vers ce monde futuriste est particulièrement bien écrite.
La direction artistique
Outre le fond futuriste qui rend majoritairement compte de sa portée édifiante, Westworld est aussi une série qui se préoccupe énormément du rendu de ses images. A travers des décors réels d’un gigantisme éloquent, les épisodes de la première saison évoque un souci du détail qui rend l’univers futuriste encore plus réaliste. Autant dans l’époque du farwest que dans ces locaux où l’informatique est reine, la plongée sensorielle est au rendez-vous. La série comporte aussi de nombreuses scènes qui brillent pour leur mise en scène : importance du ralenti, musique synchronisée à la perfection, caméra libre, ambiance au poil… Tout est permis pour favoriser l’immersion et le plaisir de visionnage ; à contrario, certes, d’une complexité scénaristique qui nécessite une certaine patiente. Même si la série se démarque aussi par sa faculté à prendre son temps – ce qui n’est pas plus mal pour une création de cette envergure -, la direction artistique propose vraiment quelque chose de novateur et, surtout, modélise sa propre identité.
Si vous êtes convaincus par ces aspects qui font de Westworld une série déjà indispensable, vous devrez attendre l’année 2018 pour la suite et la saison 2, mais la patiente est toujours une source (et une vertu) de qualité : cela nous promet quelque chose de démesuré ! Pour ceux qu’ils veulent découvrir, une seule chose : foncez ! Pour les autres, et bien… Vous êtes sûr(e)s de ne pas vouloir essayer ?