Father John Misty a charmé les lausannois de sa présence magnétique lors de son concert aux Docks le 18 novembre dernier. Entre mystère divin et possession de la scène.
Une présence discrète
Sous le nom de scène Bedouine se cache Azniv Korkejian. De nature nomade, l’artiste arménienne est née en Syrie, a été élevée en Arabie Saoudite avant de s’installer aux Etats-Unis. Son premier album Bedouine est traversé par un folk simple mais efficace. En outre, sa voix et sa guitare sont notamment accompagnées par un clavecin, une flûte, des clarinettes. La chanteuse oscille dans ses morceaux entre joie grave et mélancolie légère notamment dans You Kill Me : « Typically you’re supposed to be/ staring right into me but/ something about the way you see/ honey, babe, you kill me ». Sur scène, elle a une présence tranquille entourée de ses musiciens. Il y a une sorte de naturel qui émane de Bedouine ; naturel qui se retrouve notamment l’union entre le pied du micro et des fleurs.
Le pouvoir de la scène
Dans son dernier album God’s Favorite Customer, Father John Misty, aka Joshua Tillman, convoque ses espoirs et ses démons. Il interroge, par exemple, les convictions qui font vivre l’être humain dans Hangout at the Gallows: « What’s your politics ? / What’s your religion ? / What’s your intake ? / Your reason for living ? ». Sur le morceau-titre, il plonge dans des pérégrinations spirituelles et interroge son rapport à Dieu. Si cet album nous fait pénétrer dans les affres du psychisme de son auteur, la scène révèle son talent de show-man. Accompagné d’autres musiciens, le chanteur américain était, en effet, une véritable bête de scène lors de ce concert. De plus, il réagit avec complicité et sarcasme aux interventions du public. Il incarne à la fois la figure de l’ermite aux paroles visionnaires et à la barbe hirsute et celle d’un artiste au charisme indéniable. Autour du prêtre déchu, tout de blanc vêtu, plane une sorte de mystère, qui attire, intrigue et inquiète. Chastement cool.