JUSTIN TIMBERLAKE – MAN OF THE WOODS: QUE LA FAMILLE

Justin Timberlake aime prendre son temps et il sait se faire attendre. Une maturité musicale qui est un marqueur de son inspiration. Cinq ans après The 20/20 Experience, il choisit un retour aux sources joyeux… mais trop familial.

Résumer la carrière de Justin Timberlake n’est pas très difficile… Et il n’y a que des bons souvenirs! En 2002, l’ex membre de boys band entame sa carrière solo avec Justified. C’est le début de la collaboration avec The Neptunes et Timbaland, qu’ils ne le quitteront plus. À la clé, des hits et des refrains que l’on chantonne encore par cœur: Señorita, Cry My a River, Rock Your Body, … Mais c’est en 2006 que JT signe son classique. FuturSex/LoveSounds est l’album de la fusion entre le chanteur, Timbo’ et Danja. Les productions révolutionnent la pop music de l’époque avec des influences électro’. Timbaland signe par la même occasion son vrai retour, qui lui servira d’inspiration pour le cultissime Shock Value. C’est le début de la consécration pour le « New King of Pop » qui enchaine les Grammy et s’offre une place de choix dans le monde du cinéma.

Sept ans plus tard, Justin monopolise l’année 2013 avec deux albums-concept. Le duo JT/ Timbo’ est de retour avec un projet musical expérimental: des longs morceaux qui explosent les formats traditionnels, des changements d’instru’ à foison… Un pur régal pour nos oreilles ! Don’t Hold the Wall et Tunnel Vision vous remettront rapidement dans le bain. Une prise de risque qui se solde par un remarquable succès auprès de son public.

Depuis, au micro comme à l’écran, le chanteur se fait rare. Il sort du bois durant l’année 2016 en balançant son tube I Can’t Stop the Feeling issu de la B.O du dessin-animé Trolls. Un énorme succès commercial certes, mais musicalement on ne s’y retrouve guère. C’est en décembre dernier que JT confirme sur son Instagram l’arrivée de son cinquième album studio intitulé Man of the Woods. Un titre qui l’explique comme une référence directe à ses origines, sa terre natale du Sud des Etats-Unis. Ce nouveau projet est dédié à sa famille. C’est ce qu’il nous explique dans une étonnante vidéo promo’, marchant à travers un champ de blé et se baignant tout habillé dans un lac. L’album de la maturité? C’est tellement en vogue… Et Pharrell l’avait promis à Snoop Dogg avec Bush, un classique. Nous voilà rassurés.

Après l’intéressant Filthy, aux sonorités dubstep et funk, c’est bel et bien le second single Supplies qui met l’eau à la bouche. Justin Timberlake retrouve The Neptunes pour un nouveau trip musical, entre chant country et musique hip-hop. Le replay value de ce morceau n’est pas à négliger, surtout accompagné de son magnifique clip. Say Something et le titre éponyme Man of the Woods viendront confirmer la forte influence de la country music sur ce cinquième projet.

Si Timbaland et Danja se font finalement discrets sur l’ensemble de la tracklist, signant notamment le très bouncy Sauce, c’est Pharrell qui endosse cette fois-ci le costume du DA. On lui doit les principaux highlights, à commencer par l’énergique Midnight Summer Jam. Une production qui est dans la droite lignée de No_One Ever Really Dies, sorti deux mois plus tôt, avec sa 808 découpée et ses longues sessions instrumentales. La guitare acoustique est également un élément central de leur processus créatif, donnant lieu à des morceaux entêtants comme Higher, Higher, Wave, le très funk Montana, ou encore Livin’ Off the Land. Le problème étant que The Neptunes adoptent le même schéma sur toutes leurs compositions, ce qui finit par ennuyer… On aurait aimé plus de prise de risque à l’image d’un Supplies.

Man of the Woods est un album homogène, très agréable à écouter, la promesse du feel good est tenue. Mais on ne va pas se mentir, c’est un peu trop sage pour du Justin Timberlake. La promo effectuée autour du projet et montrant beaucoup d’images des sessions studio reflète donc le livrable. C’est l’album d’un homme mature qui parle de sa femme et de son fils, tout en grattant trois accords en studio avec ses vieux potes de musique. Certes, le résultat n’est pas aussi fade que ce constat un brin ironique, mais ça manque cruellement de folie. On peut alors comprendre que certains auditeurs de sa fan base le traite désormais de « bobo des bois ». Il faut pourtant vivre avec son âge. Si Justin est toujours dans le coup pour produire de la musique entrainante, il est désormais beaucoup moins crédible pour enchainer les chorégraphies endiablées avec ses danseuses. Et il l’a peut-être compris.