KIKU – Upcycling vintage entre Osaka et Genève

Elles redonnent une deuxième vie aux vêtements traditionnels japonais et de seconde main, parfois même à des objets rares comme des affiches de films rétros, sûrement placardées autrefois dans les cinémas… Ces deux jeunes suissesses qui se cachent derrière KIKU opèrent entre Osaka et Genève. Elles ont à coeur de mettre en avant la culture du « upcycling » et de partager leur passion pour le Japon dit « shibui » à travers leur marque. On a tenu à s’entretenir avec elles afin de vous en dire plus.

KIKU est une boutique principalement en ligne qui a fait son apparition à la fin de l’année 2018, se destinant à l’upcycling via la mise en vente de vêtements japonais de seconde main. Mettant dès le départ l’accent sur les haori, vestes traditionnelles japonaises souvent vieilles de plusieurs générations et chinées dans les brocantes d’Osaka et aux alentours. Autrefois portées par-dessus les armures des samouraïs, ces vestes ont été plus tard adoptées par la gent féminine, ce qui amena progressivement le haori à se transformer en un accessoire de mode, autant pour hommes que pour femmes, pour lequel les deux créatrices de la boutique ont eu un coup de coeur, donnant ainsi naissance à KIKU.

© KIKU Vintage

L’histoire de KIKU Vintage (nom complet) débute dans les couloirs d’une école d’art en Suisse, où Coralie et So se rencontrent et se lient d’amitié. Toutes deux graphistes et illustratrices de formation, Coralie décide de tenter l’aventure au Japon après son diplôme et s’installe à Osaka afin de commencer une école d’animation, tandis que So reprend la présidence de l’association des élèves léguée par Coralie avant d’y terminer ses études elle aussi. Le temps finit par passer et So a enfin l’occasion de rendre visite à son amie au Japon, qui maîtrise maintenant la langue et qui connaît désormais la ville d’Osaka comme sa poche. Alors au contact de la culture locale durant ce séjour, elles évoquent l’idée de peut-être collaborer autour d’un projet; « À mi-chemin entre une friperie et un atelier de sérigraphie… » nous racontait So. Une idée encore floue, mais qui posait les bases de ce qu’allait devenir KIKU. Coralie qui s’intéressait déjà au milieu ne tarde pas à mettre de côté ses rêves d’animation et lance O.D.T. Factory, un atelier de sérigraphie autour duquel elle collabore avec des amis du coin. Le cadre de base était posé, mais la face « friperie » de cette médaille manquait toujours…

Toujours durant ce voyage, So était tombée nez-à-nez avec un haori sur lequel elle avait flashé. Un vrai crush. À son retour en Suisse, un seul regret suivra: celui de n’en avoir acheté qu’un. Elle contacte très vite Coralie pour y remédier: « Si tu en retrouves un de couleur rouge, envoie-le moi s’il te plaît! »
. Une demande simple. Mais quelques mois après, Coralie finira par lui en envoyer 20. En Suisse, les compliments sur le haori de So et les questions sur son origine avaient été nombreux, les deux amies s’étaient donc vite rendu compte qu’une forte demande pouvait exister.

« Au Japon, l’intérêt pour les habits traditionnels diminue. Avant ils se passaient de génération en génération, mais maintenant ce n’est plus trop le cas et la population devenant plus âgée finit aussi par s’en séparer. » nous expliquait Coralie. « Certaines entreprises sont parfois mandatées par ces personnes qui souhaitent s’en séparer, elles les aident à s’en débarrasser et c’est parfois trois tonnes d’anciens vêtements par mois qui sont jetés. » nous racontait à son tour So
.

Haori Nº87 © KIKU Vintage

L’autre facette de KIKU se cristallisait ainsi, autour du concept d’upcycling. Le but serait celui de donner une deuxième vie à ces vêtements ornés de coutures, peintures et autres détails prestigieux faits main. Les 20 haori soigneusement chinés par Coralie arrivent donc en Suisse et sont déjà estampillés « KIKU », prêts à la vente. « Tout s’est fait très vite, on n’a pas vraiment eu de phase test officielle. On a voulu essayer et on a lancé ça fin 2018, peu avant la période de Noël avec un giveaway, ça a bien marché et on s’est un peu retrouvées devant le fait accompli… On n’a pas eu le choix que d’imaginer tout de suite une collection été! » nous expliquaient les deux fondatrices.

Ainsi, la machine était lancée.

KIKU se divise alors en deux pôles. À Osaka, Coralie fait le tour des marchés, entre en contact avec des particuliers qui souhaitent se séparer de leurs vêtements et se rend parfois même dans des ventes aux enchères où elle peut acheter en plus grande quantité (et où certains haori peuvent aussi atteindre des prix faramineux…). Le plus compliqué étant de dénicher des pièces en bon état, qui soient attrayantes et peu abimées, tout en cherchant à conserver une certaine cohérence pour la vitrine de KIKU. Ce sont toujours des pièces uniques et c’est la grosse partie du travail nous dit Coralie. Après quoi, c’est dans l’antre de O.D.T. Factory que les produits sont traités, photographiés, puis empaquetés pour être envoyés à Genève où So les réceptionne. Durant l’envoi qui peut prendre un certain temps, c’est donc la création de la future promo qui se met en marche, la gestion des réseaux sociaux etc., suivie de l’entrée en relation avec les clients et les événements auxquels KIKU est invité. Une partie que So prend en charge depuis son atelier qu’elle partage avec son copain dans la région genevoise.

Chez O.D.T. Factory, Coralie est aidée par une amie du coin © KIKU Vintage

Au-delà des haori, il y a aussi des kimono classiques (et surtout) de très beaux vêtements de deuxième main -toujours choisis avec soin-, sur lesquels KIKU vient poser ses designs originaux en sérigraphie et/ou en patch, parfois conçus en collaboration avec des artistes d’Osaka. Le but étant néanmoins de toujours créer le moins de nouvelle matière possible. À part lorsqu’il s’agit d’améliorer la praticité et le confort des produits, comme c’est le cas pour les cordelettes de ces sacs magnifiques (vrai coup de coeur!), anciennement utilisés pour la livraison d’alcools ou de produits pharmaceutiques.

Kayoibukuro Nº107, Nº109 et Nº111 © KIKU Vintage

On ne se limite donc pas qu’aux vêtements chez KIKU et ce sont aussi des affiches d’anciens films japonais qui sont dénichées et des vinyles de pop japonaise des années 70/80 que l’on retrouve en vente, parfois à l’occasion de lives Instagram. Des disques généralement liés au genre « City Pop », caractéristique d’un autre temps au Japon et qui connaît une deuxième jeunesse depuis quelques années grâce à des playlists populaires sur YouTube.

« Le principal c’est que ça reste japonais ou d’inspiration japonaise. Et que ce soit de la seconde main! Pas de la nouveauté, pas de produits trop récents. » précisait tout de même Coralie. L’important est donc de garder l’oeil ouvert sur tout objet qui pourrait les ramener à leur amour du Japon shibui, un Japon « des sensations », plus profond, voire plus alternatif et contraire à l’imagerie pop-culturelle des mangas etc. dont l’Occident est constamment inondé.

© KIKU Vintage

Les livraisons sont possible dans toute la Suisse et en France Métropolitaine et se font habituellement par poste, ou en mains propres lorsque la rencontre est possible, car ce sont des matières que les clients ont souvent envie et besoin de toucher, ou même d’essayer. Mais KIKU tient aussi à être présent en festival ou lors d’autres événements, c’est pourquoi on vous invite donc à les suivre de près sur leurs réseaux comme Instagram, afin d’être tenus au courant de leurs apparitions pop up. Dans la Cité de Calvin, on a déjà pu les croiser au Marché des Créateurs de Foound, chez Le 9 des Halles de l’Île, au Marché Sans Puces ou même à la Japan Impact de Lausanne.

KIKU Vintage réussit donc à proposer une vitrine diversifiée et cohérente qu’on vous invite à découvrir dès maintenant. Et enfin, comme on aime souvent le faire, on termine avec un morceau conseillé par les deux fondatrices et qui représente au mieux leur identité selon elles. C’est alors avec Sky Restaurant de Hi-Fi Set qu’on vous laisse pour accompagner votre visite chez KIKU.

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© KIKU Vintage