KUBO ET L’ARMURE MAGIQUE [CRITIQUE]

Pour sauver sa famille et percer le secret de son passé, Kubo part à la conquête de l’armure de son père qui lui permettra d’échapper au mal qui le poursuit depuis sa naissance: une aventure animée qui raviront les petits et les grands. 

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Réalisé par les studios Laika, auteur du tout aussi plaisant CoralineKubo et l’Armure magique représente une vaste surprise dans le monde du cinéma d’animation. Alors que l’année 2016 a été marquée par le succès considérable de Zootopie, il est assez étonnant de constater la bonne santé de ce genre et plus particulièrement quand on se penche sur ses projets indépendants. Composée d’un casting original assez flamboyant – les noms de Matthew McConaughey, Rooney Mara ou encore Charlize Theron apparaissent au générique -, l’épopée de Kubo, ce jeune garçon mi-aveugle, intelligent et courageux, relève non seulement du pur miracle visuel mais aussi d’une bienveillance réelle avec le spectateur. Dans ses allures de dessin animé indépendant et dont la vision d’auteur est indissociable, le film s’impose facilement comme une sorte de must-see.

À mi-chemin entre le stop motion et la modélisation numérique, le film propose une imagination exponentielle au sein de laquelle les détails sont remarquables. La production a d’ailleurs eu la bonne idée de montrer aux spectateurs les techniques de prises de vue employées pour construire leurs scènes dans le générique de fin. Au-delà de cet aspect technique qui mérite toutes les éloges, difficile de ne pas échapper au ton magistral du film, lequel n’hésite pas à tourner autour de thèmes tels que la famille, l’enfance et l’héroïsme guerrier. A travers un encrage assez marqué de la culture asiatique, le discours s’adresse autant à l’innocence de l’enfant qu’à la maturité des parents. L’aventure de Kubo, digne d’une odyssée et d’une poursuite engagée entre le bien et le mal, détonne pour sa dimension didactique. Seulement, et la limite du film se perçoit dans cet aspect, l’insistance un peu redondante sur ces thématiques empêche l’expression d’une certaine poésie, à l’image de ces dialogues bien écrits et des voix, attachantes. La magie opère souvent, mais pas toujours, au détriment de scènes clés mais bien trop longues pour sa paraître majeurs.

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Dans sa quête d’une vision d’ensemble de la vie qui l’entoure, Kubo est l’exemple parfait d’une enfance décomplexée, insouciante, qui voit le monde comme un ensemble de détails qu’ils convient de chercher ou de créer. De cette idée jaillit fabuleusement l’une des priorités cinématographiques du film, à savoir la magie. Par la fine écriture de ses scénaristes, le film exploite les thématiques qu’il aborde et la beauté de ses animations autour du phénomène de la magie, lui permettant ainsi d’explorer la voie des mers, la voies des airs, de jouer sur les espaces, les costumes… Toute une cohérence s’empare du film, et ce dès assez rapidement au cours d’un premier quart d’heure magnifique. La magie n’est plus d’ordre scénaristique mais révèle bien une vertu de mise en scène.

Aussi efficace que bienveillant, magnifique dans ses intentions, Kubo et l’Armure magique est cette pépite que l’on croise qu’une ou deux fois par an dans le cinéma d’animation. S’il peut paraître long à certains égards, il serait trop dommage d’oublier ce film et de ne pas expérimenter toute la potentialité du cinéma indépendant d’animation.