Les meilleurs films des années 2010 [3/4]

Nos plus beaux souvenirs cinématographiques de la décennie avec une sélection classée et non exhaustive de nos 100 meilleurs films. On s’approche de la fin avec les films classés entre la 50e et la 26e position.

Alors que nous arrivons au moment de vérité et la dernière partie de ce classement qui révélera les 25 grand élus, les 25 qui sont juste derrière pourraient être classés à des places, disons, ingrates. Mais ce serait oublier à quel point le temps que nous cessons de remonter à travers nos lignes est important dans la conception que l’on se fait du cinéma depuis le point de vue d’une décennie.

Car on retrouve ici notre cher Denis Villeneuve, notre amour pour le cinéma d’animation, pour l’exploration (spatiale ou terrestre), les inversions de style (chez Noé par exemple)… Nous déroulons le temps en mêmes temps que ce qui nous anime. Tant de motifs grâce auxquels non seulement nous aimons le cinéma, mais aussi nous continuons de dérouler ce qui, pour nous, ressemble au must du must de ce que nous ont concocté ces dix belles années d’images et de sons.

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50. TONI ERDMANN de Maren Ade

Si les films nous apparaissent comme des potentiels contaminants, Toni Erdmann s’inscrit dans une veine dramatique se rapprochant de cet effet, tout en l’inversant. Car quand le personnage de Sandra Hüller voit son père débarquer dans sa vie plutôt morose, Maren Ade filme un renversement total de perspective. Son père est gênant, déconnecté, c’est un clown parmi les hommes. Mais le renversement n’est pas dans ce décalage personnifiant, il est justement dans cette capacité du père, le vrai, celui qui s’assume comme clown, à décaler tout ce que l’on confère à des retrouvailles. Ainsi, le contaminant – celui qui, dans les sociétés modernes, semble étranger et potentiellement menaçant – finit par soigner celui ou celle qui le touche. Un film, en somme, qui change la vie. – Quentin Billet-Garin

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49 | LA TORTUE ROUGE de Michael Dudok de Wit

Fruit d’un travail titanesque d’écriture et de conception en collaboration avec le studio Ghibli, La Tortue Rouge est un film unique, tant par sa tendresse mélancolique que par ses dessins envoûtants, ceux d’une île à la présence mystique et à la flore exceptionnelle. Au fil des semaines passées avec ce rescapé solitaire, la nature reprend ses droits et nous invite au plus beau des spectacles (les éléments, la création, l’amour) dans un tsunami onirique d’émotions à couper le souffle. Une véritable gemme à la poésie divine et à l’animation lumineuse, bercée par la bande originale virevoltante de Laurent Perez Del Mar. Quelle aventure.- Peachfuzz

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48 | GRAVITY d’Alfonso Cuarón

Quand Gravity sort en salles, c’est le phénomène : film dans l’espace en 3D, effets spéciaux à couper le souffle, scènes ultra-spectaculaires, succès énorme au box-office, pluie d’Oscars… Ce qu’on oublie souvent, à tort, c’est ce que le raconte le film : une femme (Sandra Bullock), quelque part orpheline d’une petite fille qu’elle a vu mourir, cherchant la rédemption et, à travers la survie, un moyen de renouer avec la vie (et la gravité). Ainsi, Cuaron fait fonctionner l’immensité de l’espace et ses risques comme un cocon. Une immensité dans les rapports les plus intimes au monde. Un contre-pied sans complexe, qui montre au grand jour la capacité de Cuarón à raconter des histoires qui dépassent nos conditions d’être humain. Un motif récurrent parmi les explorations spatiales de la décennie (Interstellar et High Life en tête) – Quentin Billet-Garin

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47 | VICTORIA de Sebastian Schipper

Victoria est évidemment un tour de force technique : deux heures, cinq personnages errant dans Berlin, un unique plan séquence ; authentique, qui plus est. Une performance de la part des acteurs (Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski), du réalisateur et de l’équipe, donc. Il parvient à devenir palpitant puis le rester sans aucun cut, simplement par la force de ce qu’il s’y passe… Soit un nombre absolument dantesque d’événements, de micro-événements et peut-être même d’anicroches anecdotiques relevant plutôt de l’atmosphère, ce qui est d’autant plus incroyable quand on sait que tout est chorégraphié à la seconde près. Fantastique film-expérience. – Oggy

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46 | MOONRISE KINDGOM de Wes Anderson

C’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. Les enfants de Moonrise Kingdom voudraient être des grandes personnes mais ils auraient bien du mal à faire des adultes de l’île des modèles ; alors, ils s’enfuient et réinventent. Wes Anderson les observe avec tendresse, la symétrie est plus symétrique que jamais. Mélancolique, drôle, coloré, léché ; Moonrise Kingdom est comme un bonbon qui proposerait une aventure instantanée. C’est le temps de l’amour. Ça dure toujours, on s’en souvient. – Oggy

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45 | MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras

Cette décennie aura réservé bien des surprises dans le cinéma d’animation, dont une de taille pour le cinéma suisse: un petit bonhomme surnommé Courgette qui a su, le temps d’une courte visite en salles, nous envoyer des océans d’amour et de bienveillance, provoquant des torrents de larmes et une avalanche de bons sentiments. Avec son orphelinat empreint de peines et de souvenirs, Claude Barras et Céline Sciamma (ici au scénario) explorent l’éternelle innocence, la curiosité magique et la pureté d’âme des enfants avec une adorable galerie de personnages, sillonnant tout un carrousel de moments précieux, à chérir et à acclamer. – Peachfuzz

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44 | AMERICAN HONEY d’Andrea Arnold

L’Amérique subjective offerte par le film d’Andrea Arnold est passionnante à décortiquer, et l’épopée continentale de la jeune Star n’est qu’une raison de plus de s’y attacher. American Honey explore le midwest américain avec des idéaux de mise en scène incontestables de générosité. Au gré du temps et du vent s’y évanouissement les idéaux d’une ère révolue, tandis que l’amour de l’autre et l’envie d’ailleurs contribuent à moderniser le rêve et à inonder l’âme d’espoir, éternellement. Une oeuvre solaire, équilibrée et pleine de sensibilité qui tend à la main à son spectateur, et redore l’Amérique profonde avec une vitalité et une jeunesse qui brillent de mille feux. – Peachfuzz

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43 | PATERSON de Jim Jarmusch

La poésie du quotidien et les choses simples. Voilà ce que Jarmusch parvient à illustrer dans Paterson. Il n’est même plus question de séquences mais de moments. Là où s’expriment les mots et les banalités, les petits rien qui font les grandes émotions. On a l’air d’un imbécile lorsqu’on parle de ce film. Car comment parler de la simplicité et de la beauté qu’elle renferme ? Peut être qu’il est difficile d’en parler, sûrement qu’il est difficile de le filmer. Sans doute que Jarmusch réussit ce que d’autres s’obstinent à échouer : filmer une vie comme un poème sans fin. – Fix

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42 | SAINT LAURENT de Bertrand Bonello

Loin des standards du genre (comme Jackie, déjà vu dans ce classement, mais pas comme son homologue Yves Saint Laurent de Jalil Lesper), ce Saint Laurent à la sauce Bonello explore le personnage dans ses retranchements. C’est une mise en scène angoissante qui se substitue à la quête d’un désir fondamental : au fond, explorer les tréfonds de l’âme du couturier pour y signer non seulement un portrait ultra-contemporain, mais aussi pour y dessiner une figure insaisissable, car constamment entre la vie et la mort, le désir et la pulsion, l’amour et la haine. Des frontières aussi fines que le tissu que revêt ses muses et ses proches. – Quentin Billet-Garin

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41 | FANTASTIC MR. FOX de Wes Anderson

La rencontre entre les univers de Roald Dahl et Wes Anderson se déroule à merveille. Pour du cidre, des poulets et des pommes (et peut-être aussi pour son ego) Monsieur Renard déclenche une guerre avec les fermiers locaux au mépris de la sécurité de sa famille. L’occasion pour Wes Anderson de scruter les thèmes qui lui sont chers : famille (dans ses rapports tumultueux), accomplissement personnel qui ne se situe pas toujours là où on le croit et la fraternité enfin. L’animation est au poil – vous l’avez ? – et permet à Wes une grande liberté. Plus besoin de composer avec le décor : c’est lui qui compose le décor. Fait rare enfin, le film est également délicieux en VO et en VF. Que ce soit Streep/Clooney ou Huppert/Amalric, 1h20, c’est trop court. – Oggy

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40 | DUNKIRK de Christopher Nolan

Virevoltante de maîtrise et de réalisme, l’entrée de Christopher Nolan dans le genre du film de guerre témoigne d’une maestria absolue, et relate l’opération Dynamo avec une minutie extraordinaire, pouls d’une péripétie historique à la tension hallucinante. Dunkirk détonne tout autant que les canons qui en rythment la rescapée, au fil de trois volets temporels et narratifs qui nous laissent à bout de souffle. Que ce soit dans les airs, sur la terre ou sur les flots, ce panorama grandiloquent témoigne une fois de plus d’un vrai travail d’horloger, au pouvoir immersif sensationnel. Nolan, maître du temps. – Peachfuzz

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39 | ARRIVAL de Denis Villeneuve

Denis Villeneuve instaure une belle idée pour traiter son sujet. Celle de la communication. Car si les extraterrestres ont eu leur lot de grands films, il est rare de les voir appréhender d’une manière aussi humaine. Sur le papier, ça parait simple, mais le traitement permet une belle réflexion sur l’autre, qui peut être soi-même. L’intelligence du cinéaste réside aussi dans son approche scénaristique : Villeneuve connait les pièges et, mieux que de les éviter, il se permet de jouer avec. – Fix

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38 | LOVE de Gaspar Noé

Si nous avons choisi de représenter Gaspar Noé dans cette décennie avec le film Love, c’est pour le contrepied total offert à sa mise en scène vis-à-vis de ses projets précédents (Enter the Void, Irréversible…) et futurs (Climax, notamment, a cette sensibilité issue de Love). Avec une jeune troupe d’interprètes, le cinéaste explore les abîmes du sentiment amoureux et, par extension, du désir sexuel qui lui est greffé. C’est un torrent rose qui traverse les sentiers perdus de l’émotion. Un lot de déprime existentielle d’une insondable gravité, à laquelle est ajoutée une image ultra-stylisée, pleine de vitalité – le seul refuge de ses personnages. – Quentin Billet-Garin

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37 | THE VVITCH de Robert Eggers

Grande sensation horrifique des festivals de Sundance et Toronto, le premier long-métrage du jeune cinéaste Robert Eggers densifie le propos habituellement neutre du film d’horreur en balayant avec une démarche parabolique les grandes questions du Bien, du Mal et l’Inconnu. En ressort une réflexion damnée sur le fanatisme et ses conséquences terribles sur le cercle familial et l’émancipation torturée de son héroïne. Au-delà de la tension anxiogène dégagée par une bande originale glaçante, une direction d’acteurs hallucinante et une photographie sylvestre somptueuse, The VVitch offre un requiem final traumatisant et incandescent, qui restera longtemps gravé dans les mémoires. – Peachfuzz

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36 | FAUTE D’AMOUR d’Andreï Zviaguintsev

Le style aérien et magnétique d’Andrey Zvyagintsev sublime une histoire aussi ordinaire que déchirante. Lentement, sûrement, le spectateur – presque honteusement passif – observe les protagonistes glisser vers l’inévitable. À mesure que Genia et Boris se déchirent, leur fils Aliocha devient évanescent, jusqu’à disparaître, simplement. Tout en se présentant comme une enquête, Faute d’amour tend pleinement vers un final que tout le monde préfère refuser d’accepter. C’est là tout son génie : repousser une cassure qui a déjà eu lieu. Le script atteint la parfaite mesure entre imposition et suggestion de la manière dont nous devrions voir cette histoire. – Oggy

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35 | THE LOST CITY OF Z de James Gray

Quelles sont nos obsessions ? Celle de Percy Fawcett, explorateur britannique, est la découverte d’une civilisation au fin fond de l’Amazonie. Qu’est-ce qu’elle impliquent ? Pour lui, ce sont des allers-retours entre la jungle et sa famille. Pour James Gray, le metteur en scène, c’est raconter à quel prix se font ces trajets. Et enfin, vers où nous mènent-elles ? C’est la grande question à laquelle le meilleur cinéaste américain en activité nous incite à répondre. Car s’il est le gardien des images, James Gray nous invite à ce voyage. La chair de nos vies, quelque part, s’aventurent elles aussi dans la cartographie, si grande soit-elle, de nos obsessions. The Lost City of Z pose ces questions en racontant comment germent les obsessions qui nous définissent et finissent par nous infuser. La réponse, elle est entre les mains des spectateurs. – Quentin Billet-Garin

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34 | ROOM de Lenny Abrahamson

Doux comme les flocons de neige qui en exorcisent le trauma dans ses dernières secondes, Room est une adaptation millésimée du roman poignant d’Emma Donoghue, elle-même ici à l’écriture. Porté par l’irréprochable Brie Larson dans le rôle de Ma, mère courage en ruines, ce drame familial délivre une relecture à fleur de peau du mythe de la caverne de Platon, avec un Jacob Tremblay haut comme trois pommes, mais déjà fabuleux. Un grand film, bouleversant, qui soulève dans le regard d’un enfant toute la difficulté et la complexité d’une ouverture subite au monde, à ses mystères et à ses frayeurs. Le sublime danse avec l’insoutenable, les étoiles se figent, et pourtant, tout commence. – Peachfuzz

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33 | EX-MACHINA d’Alex Garland

Alex Garland livre un film original et calibré. Sa réalisation soignée instaure une ambiance, le scénario est toujours surprenant. Dans un luxueux huis-clos, Oscar Isaac et Domhnall Gleeson s’affrontent autour d’Alicia Vikander qui incarne littéralement la vallée dérangeante. Garland  – romancier à l’origine – emmène la réflexion sur ce qu’est l’humanité bien plus loin que séries et films due SF n’oseraient habituellement le faire ; Ava n’est pas juste un gadget étincelant récompensé par l’Oscar des meilleurs effets spéciaux, mais bien une porte ouverte sur de profondes réflexions. – Oggy

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32 | BLACK SWAN de Darren Aronofsky

Malgré une filmographie inégale au cours de la décennie (Mother! et Noah), Darren Aronofsky a su trouver le compromis entre le choc de sa mise en scène et une histoire où les personnages s’affrontent, se confondent et se détestent dans le balai de la mort. Ce film, c’est Black Swan, avec au milieu de la danse une Natalie Portman absolument métamorphosée, à la fois par son jeu magnétique, mais aussi par la shakycam de Matthew Libatique, le chef opérateur. Plus qu’une adaptation du Lac des Cygnes, c’est une quintessence sublime d’un cinéma d’horreur qui se défait des codes pour mieux les exploser. – Quentin Billet-Garin

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31 | 120 BATTEMENTS PAR MINUTE de Robin Campillo

Il y a un idéal démocratique dans 120 BPM qui dépasse le simple champ des images. Le film raconte en tout et pour tout comment et pourquoi s’engager dans la vie. C’est parfois au prix d’un sacrifice, au nom d’une cause – ici, la lutte contre le SIDA dans les années 90′ dans les formations de Act Up Paris – et pour donner le change aux vies, nos vies. Quand les militants montrent le slogan « SILENCE = MORT » sur leur panneaux, il y a un feu qui brûle de l’intérieur. Mais lequel ? Celui d’une passion ? D’un Etat irresponsable ? D’un militantisme extrémiste ? Non, c’est le feu de l’urgence. Et l’urgence est partout : sera-t-elle le vaccin de la crise démocratique que nous vivons ? Il faudra se battre pour lui, alors. – Quentin Billet-Garin

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30 | LAURENCE ANYWAYS de Xavier Dolan

Dolan traite le changement de genre de Laurence avec élégance et inventivité, en se concentrant presque plus sur son personnage secondaire : il interroge le point de vue de Fred, la compagne de Laurence. Ce dernier demeure la même personne et c’est sans doute ce que le film a de plus beau : présenter un changement qui n’en est pas un, un juste retour des choses en définitive. La difficulté pour Fred à le comprendre touche parfois au tragique. Tout cela évidemment sur un canevas stylistique tout à fait dolanesque : si le réalisateur n’y joue pas, Laurence Anyways est bien son film. Melvil Poupaud et Suzanne Clément y sont magistraux, sublimes, parfaits. – Oggy

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29 | BOYHOOD de Richard Linklater

Fruit d’une démarche admirablement originale de cinéma, Boyhood suit la construction d’un enfant sous la forme d’une épopée intime au cours de laquelle son innocence lunaire se transformera en beauté adulte, façonnant le visage qu’il apprendra à présenter au monde. Richard Linklater propose une superbe réflexion sur le rôle et la position des parents, acteurs et observateurs du spectacle et de l’énigme qui se déroulent sous leur regard impuissant. Car si l’enfance est éternité pour l’adulte, elle n’est en réalité qu’une éclipse onirique, une constellation tourbillonnante de souvenirs et d’impressions qui s’achève en un éclair. Boyhood rappelle que la vie est terriblement courte, et que chacune de ses bribes est un monument à chérir, encore et encore. – Peachfuzz

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28 | MOONLIGHT de Barry Jenkins

À travers son portrait en trois périodes de Chiron, jeune afro-américain homosexuel, Barry Jenkins dresse un tableau symphonique de la masculinité dans le monde moderne, dans une danse magistrale entre honte, maturité et acceptation. En grandissant, Chiron apprend à cautériser la tristesse et à l’anesthésier dans la rage avant de la convertir en bonheur, rappelant que les blessures et les crises sont les mêmes pour toutes les sexualités, mais qu’elles restent tristement conditionnées par la race, la classe et le regard de l’autre. Moonlight couvre avec une émotion brute les thèmes de l’amour, du sexe, des mères et des figures paternelles au fil de vagues épiphaniques, de plans somptueux et de mélodies luxuriantes. Le résultat est immense. – Peachfuzz

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27 | IT FOLLOWS de David Robert Michell

David Robert Mitchell tire un brillant slasher moderne d’un postulat de départ légèrement graveleux : ce it – rien à voir avec le clown – qui follow(s) des teens est une malédiction qui se transmet par le coït (si). On le savait spécialiste des adolescents depuis The Myth of the American Sleepover (2011) : ses personnages sont complexes, franchement bien écrits pour un film du genre. Le film se fait en quelque sorte anthologie de l’horreur en convoquant une suite de situations classiques. La mise en scène est toujours excellente ; sans qu’aucun mot ne soit prononcé, la scène d’ouverture annonce déjà parfaitement la teneur du reste de l’œuvre. – Oggy

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26 | PHANTOM THREAD de Paul Thomas Anderson

Dire que Paul Thomas Anderson a réalisé un chef d’oeuvre ne suffit pas. Encore faut-il le démontrer. Avec cette réflexion sur la création artistique, l’artiste face à son modèle, et cette histoire d’amour, PTA opère un geste d’une délicatesse bouleversante. Une séquence immense : une fête de réveillon, une musique et des cris. Le regard de Daniel Day-Lewis qui cherche une Vicky Krieps perdue au milieu de la foule. Un travelling latéral, un corps qui se précipite. Puis un face à face. Le regard ne cherche plus, le regard a trouvé. La main tremblante du créateur. La main ne tremble plus. Elle agrippe la muse. La foule danse encore, la solitude aussi. – Fix

Suite (et fin) du classement bientôt…