NO MAN’S SKY : LE DÉSIR D’EXPLORER

Deux semaines après sa sortie, No Man’s Sky ne fait pas l’unanimité chez les joueurs. Et pourtant, il redonne vie à l’exploration vidéoludique. Petit tour d’horizon d’une pépite incomprise.

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Attendu comme l’un des jeux les plus ambitieux et révolutionnaires des consoles next gen, le monde ouvert de Hello Games (Joe Danger) ne récolte que désenchantement depuis sa sortie au début du mois d’août. La mode du jeu en ligne qu’incarnent des sociétés aussi puissantes que EA (Fifa ; Battlefront ; Battlefield…) n’est pas étrangère à cet accueil morose, réduisant le pouvoir du jeu en solo. En effet, No Man’s Sky s’attarde considérablement sur son joueur et son aventure, laquelle est symbolisée par une solitude qui se veut de plus en plus imposante dans un univers qui l’est tout autant. Rien à voir avec la furie de la franchise Uncharted ou la pression constante de The Last of us ; il s’agit ici de s’adapter, chercher, trouver et faire preuve d’une curiosité sans faille pour survivre à la fois à l’intérieur et en dehors du jeu, afin de ne pas se sentir décroché et déstabilisé.

Car de la déstabilisation, No Man’s Sky en est pourvue. Ce voyage cosmique qui nous est proposé représente des défauts perturbants pour un joueur lambda, mais qui rendent inévitable l’expression de sa magie. L’un d’eux est incontestablement l’immensité de la base de données : nous parlons de milliards de milliards de planètes. Qu’il est difficile d’explorer un monde sans se dire que des centaines voire des milliers sont encore à découvrir… Le temps se fait long. Pourtant, ce véritable envoûtement cosmique fait son effet à chaque premier pas posé sur un nouveau monde. Dans No Man’s Sky, la découverte magnifie notre rétine et est fondée sur le partage : à chaque espèce scannée, chaque planète découverte et lieu géographique arpenté, vous avez l’occasion de les partager en ligne. Le cosmos est réputé pour son indescriptibilité, No Man’s Sky vous donne l’occasion de casser cette barrière tout en redéfinissant le concept du partage de données, lequel est motivé par une réalité purement vidéoludique.

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Le pitch de base est très simple : la mission confiée au joueur est d’atteindre le centre de l’univers afin d’y percer le mystère. Pour y accéder, vous devrez donc parcourir des planètes, aussi différentes les unes que les autres, mais aussi améliorer vos outils (laser intégrant, combinaison, vaisseau spatial…), trouver des recettes chimiques afin de faciliter votre exploration ou encore tenir le rôle de consommateur et de marchand pour obtenir et vendre divers éléments. Mais ce n’est pas tout : vous ferez des rencontres avec plusieurs types d’extraterrestre, devrez assimiler leur langue afin de mieux les comprendre, monter dans leur estime et obtenir de l’aide. Tout ceci est basé sur une seule modalité qui résume à elle seule l’identité du jeu : l’exploration. Par le biais du « crafting » (création d’objet à partir de composants élémentaires), l’exploration présente différentes tournures qui vous obligeront à adopter de multiples postures au cours de votre voyage. Cela donne aussi la possibilité au joueur d’agir selon ses désirs : rester à pied pour recueillir des produits chimiques, prendre le vaisseau pour avoir une vision d’ensemble de l’environnement… Rien n’est jamais perdu dans No Man’s Sky, pas même quand vous mourrez, tout est à ajouter et à découvrir, et ce de manière illimitée.

Tel un jeu d’arcade en puissance, No Man’s Sky étonne par son paradoxe dans le sens où sa simplicité (atteindre le centre de l’univers, découvrir des planètes, outils à améliorer…) se mélange parfaitement avec tout ce qui fait sa complexité (temps illimité, mystère des univers, crafting et merchandising…). C’est peu dire que ces stratégies de gameplay peuvent décevoir voire choquer étant donné toute l’attente qui était placée sur les épaules du produit de Hello Games. Mais c’est à concevoir que le genre de l’exploration, avec No Man’s Sky, retrouve des lettres de noblesses motivantes non seulement dans les tâches qui sont confiées au joueur tout au long de son exploration mais aussi pour l’avenir du jeu vidéo qui n’a pas le droit d’être promis au regroupement de masse sur des champs de batailles ou des terrains de football. L’aventure solo sur console a déjà ses titres majeurs, No Man’s Sky doit en faire partie.