Dans notre nouvelle rubrique nOW!, on se penche sur les sorties du jour et nous vous conseillons le meilleur de ce que le cinéma propose. En manque d’inspiration? Voici notre sélection des films à voir cette semaine!
Désormais, tous les mercredis (jour de sortie officielle des films) nous faisons le point et sélectionnons les œuvres de la semaine qui méritent d’être vues. Vous retrouverez les réalisateurs confirmés, les valeurs montantes et de nombreuses découvertes. Ce mercredi, trois films ont retenu notre attention: le Prix d’Interprétation Masculine à Cannes pour Joaquin Phoenix, l’affrontement entre deux légendes du tennis et un film irlandais.
A BEAUTIFUL DAY |
Il n’avait plus rien à prouver, et pourtant. Après nous avoir tour à tour bouleversés (Two Lovers), estomaqués (La Nuit Nous Appartient), fascinés (The Master), perdus (I’m Still Here) et baladés (Inherent Vice), Joaquin Phoenix est venu chercher le prestigieux Prix d’Interprétation Masculine à Cannes pour A Beautiful Day, dans ses Converse d’un cool taillé à la grandeur de son jeu. Et pour cause, l’acteur est d’une puissance bestiale et mystique dans le deuxième long-métrage de Lynne Ramsay (We Need to Talk About Kevin).
Dans ce survival vétéran torturé-fillette angélique aux allures du Taxi Driver de Martin Scorsese, la cinéaste délivre la vision brute et brutale d’un massacre annoncé. Anti-héros solitaire, le personnage silencieux de Joaquin Phoenix est hanté par de nombreux démons (enfance difficile, Vietnam), et ici livré à sa propre violence; contenue et irrépressible, qui le conduira à privilégier le marteau au gun pour régler ses comptes dans l’oeil d’un cyclone de corruption et de vengeance. L’outil, qui nous avait manqué en salles depuis Drive, célèbre ici son propre enterrement de vie de garçon.
En raccord avec l’ensemble de l’oeuvre (courte d’1h25), la séance s’achève violemment, laissant blême, avec une impression rare. Ne serait-ce que pour cela, A Beautiful Day est une expérience de cinéma unique, alternative, à ne surtout pas manquer.
BORG/MCENROE |
Déclaration d’amour à deux des plus grandes légendes sportives de l’ère télévisuelle, le film scandinave Borg/McEnroe se concentre sur la mythique finale « Ice vs. Fire » de Wimbledon en 1980. Le sage prodige suédois Björn Borg, 24 ans, affrontait alors le bouillonnant américain John McEnroe, étoile montante du tennis mondial, à peine âgé de 21 ans et doté d’un caractère bien trempé. Rythmée un duel de longue haleine pour la première place au classement ATP, leur rivalité atteindra un sommet historique au cours de ce match à rallonge, marqué par un tie-break inoubliable qu’il nous tarde de découvrir sur grand écran.
Porté par un casting au poil (avec le paisible Sverri Gudnason et l’électrique Shia Labeouf dans les rôles-titres), le film permettra de (re)vivre ce grand moment du sport moderne, encore considéré par beaucoup comme le plus grand match de tennis de tous les temps, aux côtés de la finale de Wimbledon en 2008 entre Rafael Nadal et Roger Federer. Ainsi, Borg/McEnroe devrait enchanter les fans de films de sport, mais pas que: tous les nostalgiques de l’époque devraient y trouver leur petit frisson.
MARGARET |
S’il y a bien un comédien qui a joliment gonflé son CV cette année, c’est l’irlandais Barry Keoghan. Troublant de froideur dans Mise à Mort du Cerf Sacré de l’esthète grec Yórgos Lánthimos, l’acteur avait aussi été retenu par Christopher Nolan pour Dunkirk et son deuxième volet The Sea. Dans Margaret, il interprète Joe, une petite frappe secourue par Margaret (Rachel Griffiths), quadragénaire divorcée et endeuillée par la mystérieuse disparition de son fils. S’en suit une relation bouleversante, qui transformera le quotidien jusqu’alors pesant de leurs deux âmes esseulées.
Ovationné à l’issue de sa projection à Dinard, ce deuxième long-métrage de Rebecca Daly se penche sur les grandes thématiques de la maternité et de la liberté avec une sensibilité remarquable. Oscillant entre l’obscurité de ses décors et la candeur de son émotion, Margaret assume sa nature viscéralement dramatique au fil d’un scénario axé autour d’un triangle de paumés, attachants malgré eux. Et lorsque le fond et la forme dansent si bien ensemble, ils rayonnent, et se subliment à l’infini. Enfin, n’en déplaise aux traducteurs, le film portait son titre original à la merveille, à savoir Mammal, littéralement « mammifère » en anglais. Fondamental, par essence.