POP INTERVIEW #14 – THE LIMIÑANAS

Que vous ayez un penchant pour le blues, la folk ou toute déclinaison du garage, Shadow People, dernier album du duo The Limiñanas, devrait se faire une place en or dans votre discothèque. 

Faire du neuf avec du vieux. L’expression est à ce point galvaudée que plus personne ne la prend à sa juste mesure : tout le monde entend « vieux« , lorsque c’est « neuf » qui compte. Faire du neuf avec du vieux est un acte alchimique. C’est très compliqué. On prend du plomb rouillé, on le transmute en or étincelant… Velvet Underground, Stooges, Standells, Chocolate Watchband, Billy Childish et autres héros du garage; Ennio Morricone, John Barry et chansons sixties italiennes; CanNeu! et tous les chevaliers teutoniques du groove motorik, Cramps bien sûr, Nick Cave, Gainsbourg et psyché tonique… Lionel et Marie des Limiñanas connaissent tout cela par cœur, c’est leur catéchisme. Ils s’y abreuvent, puis, après malaxation intense et cuisine interne, en font autre chose. « Nous ne donnons pas dans le revivalisme« , affirme Lionel derrière sa barbe. « D’ailleurs, certains puristes nous accusent déjà d’être des vendus, c’est bon signe« .

Admirés par Primal Scream, Franz Ferdinand, salués par le magazine Mojo… c’est également sous les impulsions du DJ producteur britannique Andrew Weatherall, l’illustre fondateur du label anglais Rough Trade, Geoff Travis, que The Limiñanas se sont imposés outre-manche, comme le fer de lance le plus cool de la scène rock garage française actuelle.

La preuve avec Shadow People, cinquième album dynamité ici et là par quelques guests bien de notre temps. Après le premier morceau ouvrant le bal, une Ouverture aux guitares quasi surf, arrive Le Premier Jour, titre dans lequel Lionel évoque son baptême rock and roll entre punks, mods, skins et Lambrettas du temps de sa jeunesse sudiste. C’est le thème de ce nouveau disque : « Nous aimons bien scénariser nos albums. Celui-ci évoque la vie d’un adolescent qui arrive au lycée et qui parvient à se construire en découvrant le rock au début des années 80, et en rencontrant les bandes de l’époque. Par conséquent, le disque sonne bizarrement un peu comme ceux de l’époque« .

L’épiphanie rock and roll continue donc. Elle appartient désormais à ceux qui écouteront – fort – Shadow People et voudront sans doute, à leur tour, brancher une guitare dans un amplificateur – à lampes bien sûr. Retrouvez notre échange pop culturel avec Lionel ci-dessous!

 

THE LIMIÑANAS  — POP INTERVIEW

Tes séries préférées?
Kaamelott, d’Alexandre Astier et La Caravane de l’Étrange (Carnivàle).

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Ton film préféré?
Les Dents de la Mer de Steven Spielberg. Mais c’est difficile de n’en choisir qu’un! Il y a cinq ou six films comme ça que l’on regarde régulièrement, depuis toujours: Ne Nous Fâchons Pas, À Bout de Souffle, Les 4 Saisons d’Espigoule, Shining, Il Était une Fois dans l’Ouest, Le Fanfaron, …

Ton artiste musical préféré?
Groupe: les Stooges, depuis tout petit. Artiste: Nick Cave, depuis un bon moment.

Ton album préféré?
Funhouse des Stooges. C’est le meilleur album de rock que je connaisse.

Ton producteur référence?
Phil Spector
et Rick Rubin. Phil Spector pour les raisons habituelles. Les girls bands, les couches de reverb et d’instruments et le personnage aussi. Rick Rubin pour son travail avec Johnny Cash.

Ton morceau du moment?
Tied up in Nottz de Sleaford Mods. Le documentaire Bunch of Kuntz est fabuleux.

Ta chanson « plaisir coupable »?
Dis-Lui de Mike Brant et Say It Ain’t So, Joe de Murray Head, mais ne le répétez à personne. On passe Dis-Lui dans nos sets DJ avec Pascal Comelade.

Ton meilleur concert en tant que spectateur?
Johnny Thunders
à «La Base», à Perpignan, avec les Dum Dum Boys en première partie. C’était dans les années 80. Plus tard Il y a eu un concert des Country Teasers dans la Cave de la Source qui a été un pur moment aussi. Quelque chose de très particulier.

Le dernier film que tu as vu?
The Shape of Water de Guillermo del Toro. Ça ne m’a pas ému sur le coup, mais j’y ai pensé toute la journée suivante. Je ne sais toujours pas si j’ai aimé le film.

Le dernier morceau que tu as écouté?
Your Silent Face de New Order, pour une playlist.

Si tu étais sur une île déserte et que tu ne pouvais visionner qu’un seul film, ce serait lequel?
Sûrement Un Jour Sans Fin. On serait raccord avec la situation.

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Si tu étais une oeuvre d’art contemporain, tu ressemblerais à quoi?
À une pochette d’Aphrodite’s Child peinte par Pascal Comelade.

S’il ne fallait garder qu’un site sur tous les internets?
Je n’en garderais aucun. Je perds trop de temps là-dessus, il faut que je me remette à lire. Je passe mon temps libre à regarder des films sur le net. Le fait d’avoir accès à tout le catalogue, les italiens, les film classiques français avant/après guerre, mes films d’ado. Je me suis tout retapé, du Retour des Morts-Vivants au Loup-Garou de Londres. Tout ce que je n’avais jamais eu l’occasion de voir, ou de revoir… C’est sans fin.

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Si tu pouvais avoir un seul super-pouvoir?
Faire apparaître une paëlla (comme celle de ma grand-mère) à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.

Si tu n’étais pas musicien, tu serais quoi?
Insupportable.

Si tu étais un animal?
Animal, le batteur du Muppet Show.

Un artiste (musique, cinéma ou autres) méconnu que tu aimerais nous faire découvrir?
Vous devriez écouter les disques d’Harlan T Bobo, un chanteur-auteur-compositeur américain qui est installé chez nous dans le Sud.

Ta collaboration rêvée?
J’aimerais travailler avec Warren Elis. C’est un de mes héros.

Un mot final?
Merci les gars.

Merci à Émilien et à BECAUSE pour cette introduction, et cet échange riche en découverte(s).
Retrouvez également The Limiñanas sur Facebook, Spotify et YouTube.
Toutes leurs dates ici!