Spider-Man: Far From Home – Le jeune Tony Parker [CRITIQUE]

La conclusion de la phase 3 du Marvel Cinematic Universe mêle habilement son grand spectacle habituel et sa bonne humeur avec une certaine maturité naissante qui ne laisse présager que du bon pour la suite.

C’est les yeux encore brillants face au souvenir de Avengers : Endgame que prend forme cette nouvelle aventure de Spider-Man (Tom Holland) qui, en l’espace de quelques films, est devenu un des personnages les plus appréciés du MCU. C’est à lui que le film se raccroche, le développe, pour mettre en évidence tout ce qu’il représente, dans l’imaginaire collectif et pour lui-même. Il est alors question de la représentation du héros, de son histoire personnelle dans la « grande » histoire, son destin, au milieu de laquelle la fiction joue un rôle centrale. Elle est le carburant qui permet la représentation de ce monde et ses protagonistes, elle est questionnée et a son mot à dire.

Croire en soi

Far from Home, donc. Être loin de chez soi, quitter New-York et voyager pour décentraliser l’action et se rapprocher de son personnage. L’éloignement est alors géographique pour Peter Parker, certes, mais il prend un tout autre sens sitôt que le défunt Tony Stark est évoqué. L’ombre de ce dernier plane, son image jaillit d’un mur et son souvenir d’une voix ou d’un visage. Parker est alors loin de sa ville natale mais aussi de tout ce qui faisait ses repères dans les précédents films, représentés par la figure paternelle de Iron Man. Le chaos installé par Endgame prend forme et il faut l’affronter pour accéder non pas à la consolation par le biais de l’oubli, le film débute d’ailleurs par la chanson I will always love you, mais bien à la conclusion de l’histoire commune et touchante entre l’élève et son mentor. Il est alors question d’héritage, de ce que lègue un héros à un autre, et du poids de celui-ci. Le film se cherche autant que son personnage, alternant entre l’ambiance teen-movie et la gravité de l’action. Le chemin initiatique du premier film se poursuit mais à une autre échelle, là où il fallait accepter sa condition de héros sympathique, il faut, à présent, accepter les responsabilités grandissantes autrefois portées par Stark.

La croyance devient alors l’élément majeur du film puisqu’elle est multiple. Il s’agit pour ce jeune adolescent de croire en soi, faire confiance à ses capacités de pouvoir séduire MJ (Zendaya) et de concilier sa vie personnelle et héroïque. Le héros, lui, ne sait plus qui, ou quoi, croire et tente de s’oublier par instants. Au-delà de ces interrogations, c’est avant tout la foi en la fiction qui est mise en avant, croire en une histoire et en ses personnages qui dans un ton moins mélancolique nous rappelle le Glass de M.Night Shyamalan (se perdre dans l’illusion de ce réel plus vrai que nature). Comme il est dit dans le film par Mysterio: « Les Hommes ont besoin de croire ». La foi envers les personnages est ce que les trois premières phases du MCU ont tenté de mettre en place, avec parfois de sérieux ratés, dans la mise en scène de ces héros toujours plus nombreux. Spider-Man est, lui, très spécifique dans ce cheminent. Entre les adaptations indémodables de Sam Raimi et les échecs de Marc Webb, c’est un personnage qui s’est trouvé tellement représenté qu’il aurait pu en perdre sa substance. C’est aussi ça la lourde tâche de cet univers : donner à l’araignée une nouvelle représentation tout en gardant à l’esprit un certain héritage que ce second volet, et c’est une bonne nouvelle, ne semble pas oublier. S’il est encore possible de croire en un récit, en Peter Parker et aux héros passés et présents, alors la phase 4 peut commencer.