THE GAME: STRAIGHT OUT OF THE 90’S

The Game nous livre un nouveau projet teinté de nostalgie, à travers une année phare à Los Angeles. 1992, l’année de contestations sociales violentes, mais aussi l’émancipation d’un mouvement musical qui continue à inspirer le MC aujourd’hui.

Il y a un an, The Game nous revenait avec un double-album généreux en hommage à son premier projet phare, The Documentary. Beaucoup de morceaux, beaucoup d’invités. Une gourmandise assumée qui a donné forme à une galette un peu lourde, mais digeste. Un double projet qui marquait surtout un retour aux sources pour le MC, après une série d’albums hasardeux qui n’ont malheureusement pas marqué les esprits. Dans The Documentary 2 & 2.5, The Game dédie un grand nombre de titres à son passé et à l’histoire de sa ville Compton, avec son name dropping habituel. L’occasion de revenir sur son clash avec 50 Cent et le G-Unit.

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Le rappeur semble vouloir continuer dans sa lignée « nostalgique » en proposant un an plus tard un huitième album sobrement intitulé 1992. La cover est une référence directe aux LA Riots, tragique événement qui rappelle aujourd’hui la triste actualité du pays et qui confirme le dicton disant que l’Histoire se répète… Par ailleurs, on ne peut pas s’empêcher de penser aux covers popularisées par Snoop Dogg avec Doggystyle, un autre marqueur de l’histoire musicale en Californie. Un recentrement historique qui explique peut-être un changement important dans les choix artistiques du rappeur. Si son influence aux sonorités West Coast ne l’a jamais quitté, The Game propose ici un album à la tracklist plus légère (13 sons) et avec seulement deux featurings. Choix inhabituel, mais qui peut s’expliquer par cette volonté de construire une histoire qui lui est personnelle.

Et il faut l’avouer, ce choix est le bon! 1992 est un album cohérent et bien produit. Pas de gros bangers à l’horizon, mais des morceaux intéressants dans la forme et dans le fond. On notera que The Game s’est encore une fois entouré du beatmaker découvert sur les deux projets précédents, à savoir Bongo the Drum GAHD, qui signe ici quatre morceaux.

La patte de beatmaker se fait directement entendre sur le premier track de l’album, Savage Lifestyle. Un morceau qui sonne The Documentary 2, en hommage (encore une fois) à la ville de Compton. La prod’ de Bongo fait mouche malgré un changement d’instru’ qui arrive un peu tôt. Côté flow, The Game donne le ton avec des couplets nerveux et incisifs.

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La vibe nostalgique de l’album est posée avec le quatrième titre où le rappeur californien s’enjaille sur l’iconique instrumental de Grandmaster Flash avec The Message. Un petit plaisir coupable prolongé avec The Juice, où The Game nous parle de respect et de pouvoir de rue sur une jolie prod’ de The Chemists Create.

La véritable ogive parvient au beau milieu de la tracklist avec l’excellent The Soundtrack. Une instru’ des plus planantes signée Will Power. Le magnifique refrain de Lorine Chia rend hommage à The Chronic, célèbre album de Dr Dre sorti en… 1992. Le vrai coup de cœur de l’album!

Autre son, autre référence, avec I Grew Up On Wu-Tang. Intro signée Raekwon sur le légendaire C.R.E.A.M et où s’enchaine l’instru’ inspirée de Bongo.

Si Cool & Dre et Scott Storch ne signent pas leurs meilleures prods’ sur Baby You et All Eyez (avec les deux feats sucrés de l’album), on retrouve un peu de nerf avec What Your Life Like et surtout 92 Bars. Un long pamphlet de The Game accompagné de la lourde prod’ de Tycoon. Un véritable assaut contre le Rap Game, popularisé par le beef récent avec Meek Mill.

Au final, on regrette presque que 1992 ait subi une promotion via ce beef, car son contenu est beaucoup plus intéressant et inspiré. Game nous offre une balade cohérente et minimaliste, contre-pied au gourmand projet déployé avec The Documentary 2 & 2.5. Mais tout aussi pertinent, en somme. Un album qui rappelle un peu sa mise à l’écart à l’époque de Doctor’s Advocate (peut-être son meilleur projet à ce jour), dans le sens où il n’a pas forcément besoin de s’entourer de sa précieuse team pour fournir un travail de qualité.