TOP CINÉMA #13 | MAI 2017

Le temps passe, passe, passe et beaucoup de choses ont changé: la Rédaction est fière de vous révéler le bilan ensoleillé d’un mois de mai interminable, mais jonché de ravissantes parenthèses.

Diable! Il nous en aura fallu du temps cette année avant d’enfin pouvoir vous présenter une sélection mensuelle avec plaisir, engouement et excitation. En effet, ces émotions bienvenues auront été les sensations socles de nos récents passages en salles obscures, remplis de bien belles claques et surprises. Bon d’abord, qu’il fut long ce mois de mai. Au fil des weekends prolongés et des semaines écourtées, nous avons eu tout le loisir d’explorer le panel conventionnel des sorties du mercredi, mais aussi de retrouver quelques trésors restaurés en salles (Les Moissons du CielEt au Milieu Coule une Rivière), tout en gâtant notre curiosité cinéphile en vivant l’événement extraordinaire du 70ème Festival de Cannes.

Côté salles, c’est un film américain qui aura su mettre tout le monde d’accord ce mois-ci. Il s’agit de Get Out, qui plus est un premier long-métrage pour son réalisateur Jordan Peele. À travers sa satire horrifique, le producteur offre non seulement le meilleur film d’épouvante de l’année pour l’instant, mais aussi une réflexion fantasque et innovante sur les malaises sociaux et raciaux aux USA. À travers la rencontre tumultueuse du protagoniste – un jeune noir américain – avec sa belle-famille WASP en tous points, le cinéaste confronte les identités et les points de vue dans une suburb archétypale bien trop lisse et rangée pour être honnête. S’en suivent des pérégrinations sanglantes et obscures, qui l’entraîneront dans des enfers abyssaux qu’il n’a jamais invoqués, pour un périple au bout du ‘cauchemar blanc’. En résulte un brulot filmique très actuel, bien trop profond et équivoque pour être négligé. On dit oui!

Au delà de son mystère hypnotique et de son casting parfait (mention spéciale pour Betty Gabriel et Marcus Henderson, glaçants dans les rôles de la domestique et du jardinier de la famille Armitage), Jordan Peele propose ainsi une vision très singulière et prometteuse, pour un rendu final brillant, tant sur le fond que la forme. Get Out nous rappelle une fois de plus que le cinéma n’est pas seulement une usine à grosses productions conçues pour épater et distraire, mais bel et bien aussi un outil de réflexion de masse qui, armé de subtilité, sait tirer les mêmes sonnettes d’alarme que des oeuvres plus descriptives et documentées mais toutes aussi essentielles comme 13th ou I Am Not Your Negro (cf. Top #12).

En parallèle, nous aurons également visité les tréfonds de notre univers avec la sublime exploration du cosmos de Terrence Malick (Voyage of Time), ainsi que les abîmes de l’angoisse et de l’étouffement des individus dans les sociétés dictatoriales avec le film d’animation espagnol Psiconautas, subjuguant de froideur, débordant de symboles et inondant d’imagination. Deux oeuvres diamétralement opposées qui ont toutes deux su nous transporter et nous transmettre énormément de passion, tant dans l’émerveillement visuel que dans l’instabilité et l’étroitesse relatives à nos propres échelles et conditions.

Le mois de mai aura également permis de découvrir quelques productions nationales projetées dans le cadre de la Compétition à Cannes, à savoir Les Fantômes d’IsmaëlRodin et L’Amant Double; trois oeuvres floues et plutôt décevantes, et ce malgré le potentiel colossal du triangle amoureux d’Arnaud Desplechin et la performance irréprochable du grand Vincent Lindon dans la peau du sculpteur.

Dans le troisième tiroir réservé aux sorties plus médiatisées, James Gunn nous aura contenté avec la suite honorable mais sans artifices de son bébé Les Gardiens de la Galaxie, pour un résultat moins surprenant, mais toujours plaisant pour une bonne détente pop-corn. En réalité, les péripéties de la team de Star-Lord constituent un divertissement extrêmement correct en comparaison avec nos deux grandes déceptions du mois. Nous préférons vous la faire courte: Message from the King fait figure de vigilante movie banal et affligeant, en dépit de la bonne stature de Chadwick Boseman. Quant à Alien: Covenant… un délire visuellement costaud, mais bien trop perché et tordu de la part de Ridley Scott pour susciter l’adhésion chez les fans de la saga que nous sommes. Alors Ridley arrête, c’est n’importe quoi là.

Finalement, en ce mois de mai et comme souvent, ce sont les productions indépendantes qui auront tiré le niveau des films en salles vers le haut, tandis que les gros morceaux plus attendus auront déçu, et ce proportionnellement à nos attentes. Si seulement les scores au box-office portaient le même discours…

Comme nous l’avons évoqué ci-dessus, une partie de nos rédacteurs a eu l’immense honneur de bénéficier d’une accréditation au Festival de Cannes, et d’y découvrir au cumul une vingtaine de films projetés entre les différentes sélections (Compétition, Hors Compétition, Quinzaine des Réalisateurs, Un Certain Regard, etc.). En plus d’être une expérience humaine et filmique formidable – à retrouver en détails très prochainement sur The Bergerie dans le cadre d’un article dédié -,  cette semaine céruléenne aura été l’occasion de faire le stock de découvertes en avant-première, et d’en prendre plein les mirettes. Nous tenions à intégrer nos coups de coeur cannois à ce Top, tant ils auront coloré ces dernières semaines, les rendant parfaitement indissociables des souvenirs de jeunesse en puissance qui s’y forgeaient.

En outre, le subversif réalisateur grec Yorgos Lanthimos aura su faire de sa Mise à Mort du Cerf Sacré son film de la maturité, installant définitivement ses ambiances glauques pour un mix parfait entre les méandres sentimentaux de son Canine, et les extravagances fantastiques de The Lobster; le tout agrémenté d’un duo FarrellKidman au sommet, pour un résultat qui divisera à coup sûr les cinéphiles, à la manière d’une oeuvre de Lars Von Trier ou de Nicolas Winding Refn. Ensuite, ce sont principalement The Florida Project et Good Time qui nous auront comblés. Le premier est une pépite indépendante auréolée de tendresse, portée avec brio par la petite Moonee (Brooklynn Prince), un personnage résolument générationnel, déjà culte, et parfaitement représentatif de la trilogie floridienne du distributeur indépendant A24 (Spring BreakersMoonlightThe Florida Project). L’autre, un sommet de tension pour un film digne des meilleurs Michael Mann, avec une bande originale inoubliable et un Robert Pattinson à deux doigts (et à un grand Joaquin Phoenix) de rafler un Prix d’Interprétation mérité.

Finalement, Okja, You Were Never Really Here, Vers la Lumière et la Palme d’Or The Square nous auront tous ravis, dans une compétition pourtant décrite par beaucoup comme décevante. Ces derniers auront pourtant fait de cette épopée provençale un moment unique, qu’il nous tarde de vous retranscrire et de partager, et égoïstement de revivre, encore et encore, à travers les lignes moutonneuses à venir.

L’heure est désormais au bilan avec ce treizième top mensuel illustré. Pour les plus impatients, sachez que notre doux retard dans la publication de cette sélection nous permet déjà de vous affirmer la véritable bulle d’air que constitue le Wonder Woman de Patty Jenkins dans le genre des films de super-héro(ïne)s, et surtout pour la pâlotte écurie DC. Nous vous retrouvons dès le mois de juin avec un pied dans l’été; l’occasion tant attendue de vous partager notre avis sur It Comes At Night de Trey Edward Shults, une de nos plus grandes attentes de cette année au cinéma. C’est ça aussi, les beaux jours…

Nous vous souhaitons un bonne lecture, de grands voyages, et vous retrouvons très vite!
Amour et pellicules.

DODOADDX

Nouveauté du mois: Voyage of Time, de Terrence Malick.

Découverte du mois: Terminator, de James Cameron.

Séries du mois: Better Call Saul (S03), de Vince Gilligan et Peter Gould, ex-aequo avec Bloodline (S03), de Glenn KesslerTodd A. Kessler et Daniel Zelman.

Déception du mois: Alien: Covenant, de Ridley Scott.

MVTHIVS

Nouveauté du mois: Get Out, de Jordan Peele.

Découvertes du mois: The Florida Project, de Sean Baker, ex-aequo avec Good Time des frères Safdie.

Série du mois: Big Little Lies (S01), de Jean-Marc Vallée.

Déception du mois: L’Amant Double, de François Ozon.

PEACHFUZZ

Nouveautés du mois: Psiconautas, de Alberto Vázquez et Pedro Rivero, ex-aequo avec Get Out, de Jordan Peele.

Découvertes du mois: The Killing of a Sacred Deer, de Yorgos Lanthimos, ex-aequo avec The Florida Project, de Sean Baker.

Série du mois: The Leftovers (S01), de Damon Lindelof et Tom Perrotta.

Déception du mois: L’Amant Double, de François Ozon.

TICKET

Nouveauté du mois: Get Out, de Jordan Peele.

Découverte du mois: Hiroshima Mon Amour, d’Alain Resnais.

Série du mois: Twin Peaks (S03), de David Lynch.

Déception du mois: Alien: Covenant, de Ridley Scott.

TONI ZAWA

Nouveauté du mois: Get Out, de Jordan Peele.

Découvertes du mois: Vers la Lumière, de Naomi Kawase, ex-aequo avec The Square, de Ruben Östlund.

Série du mois: Atlanta (S01), de Donald Glover.

Déception du mois: Jupiter’s Moon, de Kornél Mundruczó.

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