WandaVision — Pionnière improvisée des séries du Marvel Cinematic Universe

Alors que ‘The Falcon and The Winter Soldier’ touche à sa fin, il nous paraissait intéressant de revenir sur l’événement qui marquait le retour du MCU dans un monde post-Endgame au travers de ‘WandaVision’, alors que la crise sanitaire avait bousculé les calendriers de chacun.

Avec la pandémie et le manque de sorties liées aux Avengers, c’était une vraie faim de nouveauté qui s’était creusée dans l’estomac du public. Le tournage des séries qui allaient être disponibles sur Disney+ s’étant abruptement stoppé, Kevin Feige a dû revoir tout son planning afin d’assurer un retour digne de ce nom à la Maison des Idées sur nos écrans. Et bien que la satisfaction ait plus ou moins toujours été au rendez-vous au fil des années, il faut dire ce qui est: des raviolis en boîte, plutôt que faits maison, auraient fait l’affaire cette fois-ci… vue la faim, il aurait été difficile de les distinguer.

Voilà pourquoi il est intéressant de revenir sur WandaVision, avec du recul, l’estomac plein. Afin de mieux comprendre avec quel genre de raviolis on nous a servis. Spoilers en vue, bien entendu.

Vision et Wanda dans les années 60 inspirées par The Dick Van Dyke Show.

Le format

L’un des points déroutants, mais qui fait l’originalité de WandaVision, c’est son format. D’une première part visuellement, grâce à Wanda qui se crée une vie idéale à l’image des sitcoms qui ont bercé son enfance. Mais aussi de par sa durée par épisode. L’hommage allant jusqu’à faire que (les deux 1ers épisodes en tout cas, inspirés de The Dick Van Dyke Show) aient une durée très courte; où si on omet « la réalité » et les crédits, l’épisode tourne autour des 20 minutes seulement, format plus courant des années 60, avant que la série ne rallonge son format au fur et à mesure des épisodes.

Comptabilisés, les neuf épisodes de nous font profiter de 6 heures de WandaVision, dont le budget avoisine celui donné à 2 heures de film selon le réalisateur Matt Shakman. Sans compter le générique de fin qui parfois représentait près de 10 min de la durée totale… intervenant avec son carton “PLEASE STAND BY” devenu culte auprès des fans depuis et transformé en meme à plusieurs reprises.

Si visuellement la série réussit avec brio son exercice de style au travers des décennies et de l’héritage de la sitcom US, plaisir très concret pour le public (la qualité nous faisant accepter la justification du pourquoi et comment), on peut se poser des questions sur la durée des épisodes, notamment comparé aux séries Netflix telles que Daredevil.

Qui plus est, maintenant avec TFATWS, on a une meilleure idée de ce que peut nous offrir Marvel Studios avec une durée plus classique pour sa plateforme Disney+. Il est donc légitime de se poser la question: si la pandémie n’avait pas eu lieu et que WandaVision était sortie après les aventures de Sam et Bucky, aurions-nous été autant indulgents avec ses propositions? La réponse variera selon les goûts et les couleurs, mais ce qui est sûr, c’est que revenir après le choc de la pandémie avec WandaVision est un coup de poker que Feige n’aurait pu anticiper…

Un rythme de diffusion à la merci des théories

Marvel Studios n’avait pas placé WandaVision en première ligne de ses séries Disney+ par peur du risque. Peut-être. Par peur de déboussoler une audience avec un concept quelque peu aventureux et dont l’intrigue se révélait être une chasse aux indices d’épisode en épisode? Peut-être aussi.

Pour celles et ceux qui auront expérimenté la série de manière hebdomadaire, il était facile de se retrouver dans un tourbillon de hype et de complotisme à base de théories inspirées des aventures de Scarlet Witch et Vision en comics. Mephisto par ci, Magneto par là (le papa de Wanda et Pietro) et Quicksilver de la Fox là-bas (mais si, là je te dis) !

Le manque de nouveautés Marvel durant l’année 2020 a suscité cette faim évoquée plus tôt qui a plongé WandaVision dans une attente et une excitation des fans presque sans précédent pour un événement hors-Avengers et qui n’aurait été possible autrement que si la crise avait eu lieu.

En effet, selon Variety, WandaVision a été la série TV la plus regardée des États-Unis en janvier, voire jusqu’en mars lors de la sortie de l’épisode final où les serveurs Disney+ ont crashé pendant environ 10 minutes à cause du trop grand nombre de connexions simultanées.

WandaVision aura globalement satisfait son audience, mais en se retrouvant propulsée à un tel timing, elle fut accompagnée par un lot de déceptions. Le show a peut-être sa part de responsabilité, à laisser parfois trop d’indices et de références qui finalement n’avaient pas de résolution dans WandaVision; on pense surtout à l’attente qui s’était créée autour du personnage de Mephisto évoqué plus haut, iconique dans les aventures de Scarlet Witch sur papier; un antagoniste représentant grossomodo le diable et dont les storylines auquel il est connecté ont en partie inspiré la série. Les fans cherchaient donc tous les signes possibles à sa présence et future révélation, jusqu’en dans les détails de tapisserie des décors… les théoristes vidéastes ont gonflé leurs vues chaque semaine sur YouTube, et au passage la hype générale. Mais rien, nada.

L’affaire d’Evan Peters a quant à elle divisé. Sachant que Wanda serait présente dans le prochain opus de Doctor Strange, In The Multiverse of Madness. Les fans attendaient impatiemment qu’une allusion au multiverse leur soit délivrée, que peut-être Wanda avec ses pouvoirs allait créer une brèche, qu’elle allait casser ou tordre la réalité. Nous-mêmes avons fait l’erreur d’y croire. L’apparition d’Evan Peters en tant que Pietro à la fin d’un épisode semblait donc confirmer cette fantaisie, un monde où le MCU allait enfin interagir avec les mutants de la Fox, et dans ce cas-ci Quicksilver.

Evan Peters incarne Ralph, un citoyen brainwashé à se faire passer pour Pietro, interprété par Aaron Taylor-Johnson dans Age of Ultron.

Bien que son ajout au casting et son personnage soient une plus-value certaine de la série, nombreux ont trouvé décevant qu’il se retrouve réduit à une blague, surtout après avoir excellé dans ce rôle de « Fake Pietro » pour qu’on découvre au final qu’il s’agisse simplement d’un certain Ralph Bohner («what a boner»), un citoyen de Westview sous le contrôle mental d’Agatha.

Feige semble pourtant friand de vouloir donner de nouvelles chances aux acteurs des franchises non-connectées, comme le suggère le casting d’Alfred Molina (Spider-Man 2) et Jamie Foxx (The Amazing Spider-Man 2) pour Spider-Man: No Way Home dans leurs rôles de super-vilains respectifs.

Un final plein d’ouvertures

WandaVision n’aura pas de saison 2, c’est quelque chose qui a été déterminé et annoncé. La série ne devait donc pas servir de filler. Et pourtant, un arrière-goût en demeure… Ne nous méprenez pas, retrouver Wanda et Vision était plus que satisfaisant et divertissant à nos yeux; Elizabeth Olsen et Paul Bettany sont excellents, s’amusent avec leurs personnages comme jamais auparavant et nous ont offert des scènes mémorables, que ce soit lors des flashbacks ou lors des adieux du dernier épisode.

Mais l’épisode final paraît rushé. Tout va très vite, certains personnages disparaissent un peu… Comme Darcy ou même Howard qui se fait arrêter comme un vilain dans Scooby-Doo. Tous les personnages que la série nous a appris à aimer (ou à détester) sont libérés dans la nature, prêts à être réutilisés là où le MCU en aura besoin. Monica et Jimmy étant attendus au tournant. Mais c’est là que le goût du filler se fait sentir en premier lieu.

Wanda, Vision et leurs enfants Speed et Wiccan, probables futurs Young Avengers.

Si Vision a eu droit à un arc narratif intéressant où la porte laissée ouverte à la fin dérange moins et fait sens. Wanda, quant à elle, semble avoir fait son deuil en surface. Ou du moins, son parcours de deuil paraît entaché par la connexion obligée à Doctor Strange In The Multiverse of Madness. Le fait qu’elle récupère le Darkhold, qu’elle semble possédée par l’esprit de la Scarlet Witch et qu’elle entende la voix de ses enfants dans un autre univers lors de la scène post-générique ramène Wanda à un besoin de famille qui semble plus fort qu’elle. Avec les avertissements d’Agatha, on quitte Wanda sous la forme d’une menace pour l’univers Marvel; elle semble se perdre dans la grandeur des pouvoirs de la Scarlet Witch et sera sûrement prête à tout faire pour retrouver ses enfants, faisant d’elle la probable antagoniste des prochaines aventures de Doctor Strange.

Quid de ce dernier d’ailleurs? Lui aussi faisait partie des personnages attendus par le public, au moins un cameo disait-on. Certaines rumeurs disent qu’il était initialement prévu pour l’épisode final, mais que la crise sanitaire aurait empêché son intervention, d’où le fait qu’on se sera contentés d’un name drop. En effet, que le Sorcier Suprême ne se pointe pas alors que des pouvoirs magiques ancestraux sont en train d’être déchaînés sur des innocents… Doctor Strange In The Multiverse of Madness aura beaucoup à expliquer et reprendra les aventures de Wanda là où on l’a laissée.

Tournage de la scène post-crédits, où Wanda amplifie ses pouvoirs à l’aide du Darkhold.

Quels raviolis avons-nous mangé ?

La réponse n’est pas évidente. On pourrait dire très sincèrement qu’on a eu droit aux deux. D’une part le concept original de la série et son casting au top nous ont fait goûter à de beaux raviolis faits maison. À différentes sauces même pourrait-on dire! Et d’autre part -à notre humble avis-, le scénario a parfois le goût de raviolis en boîte, notamment sur sa fin… de quoi nous laisser justement un peu sur notre faim. Et toc le jeu de mots.

Là où la série ne s’est pas ménagée en tout cas, c’est sur la création de ses génériques aux thèmes et styles graphiques différents, accompagnés de musiques originales composées par Kristen Anderson-Lopez et Robert Lopez. Leur participation à WandaVision aura aidé le show à être mémorable, l’occasion de se quitter sur le « hit » Agatha All Along.