Les meilleurs films des années 2010 [1/4]

Retour sur nos plus beaux souvenirs cinématographiques de la décennie écoulée avec une sélection classée et non exhaustive de nos 100 meilleurs films. Aujourd’hui, focus sur les films classés entre la centième et la 76e position.

Fragmenter dix ans de cinéma passés, ça fend le coeur. Parmi nous, ici chez The Bergerie, cent films, ce n’est pas assez. Les souvenirs sont nombreux, en tout cas aussi nombreux que les oeuvres que nous avions répertoriées avant de relever les cent les plus citées. Elles étaient plus de 300 au départ… Ca fend le coeur. Même certains cinéastes adorés revenaient plusieurs fois, jusqu’aux plus hautes places du classement. Il a fallu faire des sacrifices, faire de la place aux autres. En théorie, faire un top, c’est une douleur.

Mais une fois confectionné, passé à l’étape de la finition – ce qui nous mène à cet article, le premier d’une série de quatre épisodes -, il y a le vent du temps qui revient, qui souffle de nouveau, qui nous emporte à la rédaction des lignes qui vont suivre, celles de nos quatre rédacteurs les plus actifs  : Peachfuzz, Fix, Oggy et Quentin. Et pour faire durer le temps un peu plus longtemps – sans vous cacher une certaine envie de notre part de faire monter le suspense -, nous nous évaderons dans les années 2010 en quatre temps. Alors évadez-vous avec nous, et dressons ce qui, plus au moins, ressemble à un bilan des dix dernières années sur le plan filmique, et à fortiori sur le plan sentimental.

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100 | FIRST REFORMED de Paul Shrader

En relatant l’introspection du révérend Ernst Toller (impérial Ethan Hawke), Paul Schrader exalte la complexité de la condition humaine face à la destruction du divin. Faisant peser toute son expérience, le cinéaste nous tourmente au fil d’un testament viscéral et réveille en nous des feux qui urgent d’être ravivés dans un quotidien malade, miné par notre propre égoïsme. Tout le miracle d’un mélodrame lent, exempt de toute explosion récusable, et minutieusement traversé par une ribambelle de métaphores sans équivoque. Une élévation précieuse du dialogue spirituel, comme un clin d’oeil prémonitoire à tous ces lendemains possibles, s’ils en sont. – Peachfuzz

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99 | SNOWPIERCER de Bong Joon-ho

Après une catastrophe climatique, Bong Joon-ho réunit ce qu’il reste de l’humanité dans un train qui accomplit chaque année le même parcours cyclique. Les passagers sont montés à l’avant où à l’arrière de ce train-monde selon un système de classes ; les premiers exploitant évidemment les seconds. Chris Evans est ici le Spartacus qui mène la « révolte » (ou plutôt la quête de sens) vers l’avant du train. Le cinéaste coréen adapte ici une bande-dessinée française des années 80 ; et c’est l’occasion pour lui de démontrer à chaque wagon ses talents de mise en scène, notamment en exploitant à fond les possibilités offertes par la progression horizontale de l’intrigue. – Oggy

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98 | LE CONGRES d’Ari Folman

Cette expérimentation à mi-chemin entre le cinéma d’animation et des captations en prises de vue réelles, aussi stupéfiante qu’inespérée, a surtout agit comme un spectre au cours de la décennie passée. Dans le film, Robin Wright (aussi fascinante que dans une autre oeuvre marquante des 2010’s, à savoir House of Cards) choisit de partager son corps d’actrice pour que les cinéastes la réutilisent numériquement, avec la possibilité de (ne pas) la faire vieillir, notamment. Un geste qui aura parcouru la décennie, entre la méthode de motion capture, rendue célèbre dans les années 2000 et qui s’est affirmée dans la décennie suivante, et le de-aging qui permet à des cinéastes (comme Martin Scorsese dans The Irishman) de faire rajeunir les acteurs. Un film totem de la décennie, en plus d’être une expérience filmique assez unique. – Quentin Billet-Garin

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97 | TOM À LA FERME de Xavier Dolan

Pièce unique dans la filmographie du jeune réalisateur québécois, Tom à la ferme impressionne tant par son esthétique que par la noirceur de son propos. Un Dolan toujours en quête d’identité vient assister à l’enterrement de son ex-copain. Il se sent obligé de mentir sur la nature de sa relation avec le défunt ; de là naît un affrontement entre deux acteurs, Dolan lui-même face à l’excellent Pierre-Yves Cardinal. Dans ce thriller quasi-hitchockien, véritable huis-clos dans des champs de maïs qui à l’automne sont « comme des couteaux », pour la première fois chez Dolan, la violence n’est plus symbolique. – Oggy

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96 | LE VENT SE LÈVE de Hayao Miyazaki

Il est littéralement impossible pour nous de terminer la décennie sans évoquer le dernier chef-d’oeuvre du maître de l’animation japonaise : Hayao Miyazaki. Dans Le Vent se lève, son imagination mordante s’insère dans l’histoire vraie de Jiro Horikoshi, concepteur de bombardiers japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Le cinéaste laisse de côté la réalité historique pour partager l’une de ses passions : l’aviation. Déjà dans Le Château ambulant et, bien sûr, Le Château dans le ciel, ses récits partageaient une verticalité de tous les instants, pour mieux capturer les rêveries cachées là-haut. Il double cette (auto)biographie d’une histoire d’amour bouleversante, accompagnée d’une partition musicale elle aussi inoubliable. – Quentin Billet-Garin

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95 | ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim Jarmusch

Jarmusch livre un poème filmique de deux heures, une ode à la vie portée par deux personnages qui pourtant ne vivent pas. Tom Hiddleston et Tilda Swinton – Adam et Eve – sont des vampires sublimes aussi absolus qu’attachants. Le réalisateur dresse petit à petit le tableau de ce que peut être la vie d’êtres dont la seule limite est l’impossibilité de vivre de jour. Il dissémine des indices sur la participation de ses immortels aux grandes œuvres d’Art tous genre confondus. Soudain, leur routine millénaire est troublée par des problèmes d’approvisionnement en sang humain. Qu’à cela ne tienne, ils improvisent. – Oggy

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94 | GLASS de M. Night Shyamalan

Après Incassable et Split, M. Night Shyamalan, l’un des plus grands cinéastes des années 2010, livre avec Glass non seulement une conclusion sensible à cette trilogie des super héros, mais aussi un véritable traité sur la conception des fictions de nos jours : comment atteignent-elles le réel, comme elles l’altèrent ? Il y a une passivité, une naïveté – même dans l’interprétation de Samuel L. Jackson, Bruce Willis et James McAvoy – qui rend le geste de Shyamalan encore plus sensible qu’il n’y paraît. C’est jeter un regard dans le rétro de la fiction, c’est-à-dire sur ce qui l’alimente, et même ce qu’elle rend possible. Une fable sur les damné.e.s, un brûlot contre les forces de ce monde qui veulent à tout prix neutraliser les miracles. A distinguer de ce qu’il y a de plus spectaculaire, Glass est un magnifique démenti. – Quentin Billet-Garin

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93 | WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay

On retrouve un certain nombre de choses qui seront poussées plus loin par la suite de la filmographie de Lynne Ramsay, notamment en termes de réalisation mais aussi au niveau de la rupture de temporalité. Inserts après inserts. Présent et passé se mélangent sans la lourdeur d’un flash-back : fluidité et cohérence, le film nous emmène petit à petit vers l’horreur. Le film élude l’événement final – ne le montre qu’à moitié – et laisse le champ libre, alors, à l’interprétation au zénith de Tilda Swinton et John C. Reilly. – Oggy

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92 | COCO de Lee Unkrich

Coco est avant tout impressionnant visuellement. Dès l’ouverture, la ville mexicaine où vit Miguel impressionne par ses couleurs chatoyantes et le niveau de détail tant des personnages que des décors. Puis, c’est une claque absolue lorsque l’on pose en même temps que Miguel les yeux sur la cité des morts : un tableau exceptionnel – et une petite, voire grosse larme. La structure est classique, quelques twists habiles relancent l’intrigue périodiquement, mais l’univers est original et l’histoire singulière ; posant de vraies questions autour de l’émancipation familiale. – Oggy

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91 | MIDSOMMAR d’Ari Aster

Ari Aster plonge la stupéfiante Florence Pugh dans une épouvantable bacchanale païenne, et en tire une fable folklorique glaçante. Un carnaval incroyablement sinistre sous le soleil aveuglant de Hårga, au cours d’une frénésie ritualiste aussi noire et morbide que diurne et comique. Cette rêverie paranoïaque et hallucinatoire est parfaitement portée par la bande originale stridente et viscérale de Bobby Krlic, et éclairée par une luminosité insolite dans le genre. Un conte de fées psychédélique narrant l’épreuve du deuil, de la dépression et du couple, pour un récit foudroyant de son effroyable ouverture à la purge onirique de son final floral. – Peachfuzz

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90 | COSMOPOLIS de David Cronenberg 

Tout bascule dans Cosmopolis. D’abord la carrière dorée de Robert Pattinson. Connu alors pour son rôle dans la saga Twilight, il enfile la veste, les lunettes, se taille (et veut se tailler) une belle coupe de cheveux et balance des citations au fin fond de sa limousine, après avoir eu la visite, entre autres, de Juliette Binoche. Exceptionnel dans ce rôle, il nous emporte avec lui jusqu’aux bas-fonds de New York, alors assiégée par des manifestants anti-capitalistes – tout ce que n’est pas le beau gosse porté par Pattinson. La furia et l’urgence du contexte, adapté du roman de Don DeLillo, s’opposent à la mise en scène ultra-feutrée de David Cronenberg, qui confirme ici son retour à une forme plus apaisée, mais toujours aussi alarmante. – Quentin Billet-Garin

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89 | NOCTURAMA de Bertrand Bonello

La première partie de Nocturama a tout de la conclusion d’un film de casse : Bonello filme ses protagonistes accomplissant une chorégraphie précise, à travers un montage rythmé qui laisse le spectateur dans l’incompréhension, lui laissant le soin de faire toutes les hypothèses possibles. Et ensuite : que signifient ces explosions ? Suspension. Une seconde partie à l’arrêt dans la nuit : une confrontation des personnages avec eux-mêmes, dans un huis-clos partagé avec le spectateur qui a aucun moment n’en sait plus qu’eux. Bonello multiplie symboles et conciliabules pour étudier une rage et ses origines. – Oggy

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88 | PARASITE de Bong Joon-ho

Parallèles et échos de la lutte des classes sous l’ombre d’un fatalisme inéluctable. Parasite est le film de la consécration dans la carrière déjà impressionnante du cinéaste Bong Joon-ho. Lauréat de la Palme d’Or à l’unanimité au dernier Festival de Cannes, son chef-d’oeuvre s’amuse des genres et danse sans cesse entre comédie, drame, thriller, horreur et satire sociale avec une aisance stupéfiante. Plus qu’une photographie vibrante et follement intense du malaise systémique de la société sud-coréenne, Parasite est un film fou, un grand huit qui confirme le talent inouï d’un réalisateur qui s’empare du medium cinématographique pour raconter la petite histoire dans la grande avec une maestria totale. – Peachfuzz

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87 | THE FAVOURITE de Yorgos Lanthimos

Dernière folie du cinéaste grec Yorgos Lanthimos, The Favourite ancre son extraordinaire trio de comédiennes (Emma Stone, Rachel Weisz, Olivia Colman) dans une folle valse des statuts et des influences au coeur d’un royaume anglais loufoque, déchiré par la guerre et dirigé par une cour préférant organiser des courses de canards que de se pencher sur les problèmes du peuple. Modernisant l’approche du film d’époque par le biais de sa technique et de son ton comique, The Favourite propose une atmosphère plus légère que celles des précédents films du réalisateur, laissant tout le champ à ses actrices pour un jeu de rôles dingue, et inoubliable. – Peachfuzz

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86 | CAROL de Todd Haynes

Une histoire d’amour interdit débordante de détails sublimes, allant d’une simple trace de rouge à lèvres sur une cigarette aux douces notes émanant d’un appartement voisin, pour une romance cachée à la délicatesse magnifique. Tout y est érotisme et volupté, dans un contexte où le secret, la transgression et l’injustice deviennent les rouages malheureux s’opposant à la pureté d’une attirance aux contours célestes. Une adaptation parfaite du roman The Price of Salt de Patricia Highsmith (1952), portée par la beauté du jeu de Rooney Mara et Cate Blanchett. Une étreinte narcotique, délicieuse, mystique, qui trouve sa justesse dans chaque inhalation d’une fusion soumise à la dépression imminente d’une époque pourtant dorée. – Peachfuzz

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85 | MUD de Jeff Nichols

Mud est un film en marge, sans cesse sur le bord, comme sa figure centrale au parcours mystérieux. Sur ce rivage se croisent des âmes en peines, qui errent dans la forêt sur cette petite île du Mississippi. Chacun fuit quelque chose, une société malade ou un père colérique, et chacun cherche une libération. Conquérir un espace pour mieux se conquérir soi-même, vivre avec l’inconnu, faire son introspection. En somme, se sentir moins seul. – Fix

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84 | THE BIG SHORT d’Adam McKay

Si le cinéma d’Adam McKay a toujours été profondément politique (si si), il prend ici une nouvelle tournure dans un mélange de précision et de pédagogie. La crise des subprimes, des trajets personnels au milieu du chaos où les chiffres sont rois et une douce ironie. L’humour du film est un humour d’observation, McKay constate tout en décryptant les rouages d’un monde qui vit caché, celui de la finance, et qui écrase les uns autant qu’il fascine les autres. De cette triste affaire, il ressort une belle émotion, celle des figures principales devant leurs engagements (professionnels, moraux etc.) et une profonde révolte. – Fix

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83 | NOCTURNAL ANIMALS de Tom Ford

Le créateur de mode Tom Ford signe avec son deuxième long-métrage un drame profondément noir, fou de nervosité, de tension, de regret, toujours avec cette même sensibilité d’esthète accordée aux couleurs, aux tons et aux éléments de son décor. Nocturnal Animals est un méta-thriller scandaleusement saisissant, dans lequel les niveaux de réalité se répondent parfaitement dans une interrelation aussi intrigante que nauséabonde. Car quand le petit homme décide de devenir un dur et de se confronter au souvenir dans la violence, il sait que la traque n’est que le début de son chemin de croix. Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Michael Shannon… Le casting cinq étoiles du film ne fait qu’en amplifier l’impact de cette histoire d’oiseaux de nuit dégoulinante de rage et vengeance. Furieux. – Peachfuzz

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82 | MIDNIGHT SPECIAL de Jeff Nichols

Mais que peut bien cacher ce petit garçon à lunettes pour virer dans la nuit américaine, alors qu’il est pourchassé par les plus hautes autorités gouvernementales ? Jeff Nichols, comme à son habitude, fait le compromis entre son naturalisme et un certain genre de cinéma. Ici, il se substitue à la science-fiction la plus brut, la plus vraisemblable. L’occasion pour lui de poursuivre sa chronique de l’Amérique, comme vu plus haut avec Mud, mais comme ce fut aussi le cas dans Take Shelter et plus récemment avec Loving. Jusqu’à ce dernier plan vertigineux de sens, Midnight Special est aussi à classer parmi les essais spielbergiens. – Quentin Billet-Garin

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81 | LES GARÇONS SAUVAGES de Bertrand Mandico

L’arrivée sur le devant de la scène de Bertrand Mandico a déjà le mérite d’avoir bousculé un peu le paysage cinématographique français. Entre poème surréel et parcours fantasmé, Mandico convoque les fantômes du passé : on y croise les orgasmes visuels de Kenneth Anger, l’ambiance chaude d’un Fassbinder ou les surimpressions façon muet. C’est toute une fresque de l’imaginaire qui se développe ici, et qui ne cesse pas de s’agrandir peu à peu, jusqu’à devenir un mystère à part entière, un objet filmique délirant où la beauté d’un visage se confond à la lumière d’une nature paradisiaque. Le cinéma français atteint l’orgasme. – Fix

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80 | LOGAN de James Mangold

Le corps vieillissant d’un homme, Wolverine au crépuscule de sa vie, les lames toujours bien aiguisées, et les larmes toujours gardés secrètes. Mangold réussit son pari de road trip torturé et noir, où chaque danger en est réellement un et où la frénésie appelle une certaine émotion. Car comment ne pas se laisser porter par cet ancien héros livrant son dernier combat ? Toujours prêt à se relever car il en a vu d’autres, portant sur lui tout le poids d’une vie faites d’excès. Derrière chaque figure héroïque se cache un homme en peine et Logan apporte ce qui peut, parfois, cruellement manquer : de l’humanité. – Fix

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79 | SWISS ARMY MAN de Dan Kwan & Daniel Scheinert

Un fabuleux film d’amitié entre un naufragé sur une île déserte – interprété par Paul Dano – et un cadavre mélomane péteur, ici Daniel Radcliffe, tout bonnement fantastique. Fougueusement rythmé par les compositions a cappella ensoleillées et enivrantes de Robert McDowell et Andy Hull, Swiss Army Man ne donne pas seulement le sourire à travers le comique de son existence; il est aussi la source merveilleuse du plus candide des émerveillements. Entre solitude et foi, le film ancre son imaginaire dans une idylle sublimée par sa jungle et ses plages bucoliques, où deux des grands comédiens de cette génération n’ont de cesse de briller. – Peachfuzz

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78 | DIVINES de Houda Benyamina

Porté par un duo d’actrices incandescent (Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena), Divines surpasse de très loin le genre du « film de banlieue » (si cela veut encore dire quelque chose de nos jours). Le portrait de la cité s’amplifie au fur et à mesure que nous suivons les tribulations des deux héroïnes, amies pour la vie. C’est le récit d’une vie dans la grande histoire de la société, et avec elle ce qu’elle emporte comme risques. Dans la droite lignée de Tout ce qui brille, ce versant sentimental dans l’incantation du réel brille aussi pour ses expérimentations formelles, notamment dans cette magnifique séquence de la fausse Ferrari, où la caméra portée engendre avec elle tous les rêves de ses protagonistes. – Quentin Billet-Garin

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77 | BURNING de Lee Chang-Dong

Au cours du Festival de Cannes 2018, il y a eu un interlude de trois heures. Le temps de se poser, réfléchir aux images de nos vies, des amours qui passent et qui naissent, de la violence, de la paranoïa auxquelles nous succombons. Bref, Burning a fait réfléchir notre festival, l’année qui s’est écoulée, et la décennie avec elle. Lee Chang-Dong fabrique le trio amoureux comme nul autre, teinté d’un sens de l’observation implacable. Ce récit à tiroirs, que chaque image nous invite à reconstituer, on le doit aussi à sa mise en scène labyrinthique éprise de liberté, à en témoigner cette fabuleuse séquence de danse, filmer en un seul plan, aspirant le spectateur dans ce que nous pouvons considérer comme un tour de force émotionnel. – Quentin Billet-Garin

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76 | MELANCHOLIA de Lars von Trier

Melancholia est un film doucement angoissé par le temps, la vie qui se regarde mourir. Un mystère plane, une planète se rapproche, des corps s’agitent et une femme lâche prise. Lars Von Trier filme des ombres et des hommes, des vivants au milieu d’une mort qui rôde et qui imprègne les murs et les jardins. C’est une architecture de la névrose qui se met en place, sorte de prémices à l’architecture de la mort orchestrée dans The House that Jack Built, et dans laquelle se traîne des êtres dévitalisés. Au fond, une tragédie humaine dont le désespoir est sans appel. Et sans fin. – Fix

La suite du classement bientôt…